Doté d’un budget de cinq millions d’euros pour les cinq prochaines années, le projet Life Beef Carbon débute dans quatre pays européens (France, Irlande, Italie, Espagne). Les 27 partenaires du projet (Idele, Interbev, CA, Bovins croissance, Coop de France,…) devront parvenir à réduire l’empreinte carbone de la viande bovine de 15 % en dix ans.
2 000 élevages audités
Ces quatre pays représentent un tiers de la production des troupeaux laitiers et allaitants européens. « Le projet ambitionne de promouvoir des systèmes de production et des pratiques répondant aux objectifs techniques, économiques, environnementaux et de durabilité des élevages bovins viande. Et cela en s’appuyant sur l’ensemble des acteurs de la filière et sur un réseau européen composé de 190 techniciens et 170 éleveurs innovants », détaille Jean-Baptiste Dollé de l’Institut de l’élevage. Ces fermes particulièrement performantes sur le plan environnemental participeront au retour d’expérience terrain pour promouvoir l’élevage bas-carbone.
Dans un premier temps, Beef Carbon vise le calcul de l’empreinte carbone de 2 000 fermes à l’aide de la méthode Cap’2ER, un outil informatique permettant d’évaluer les différents impacts environnementaux d’une exploitation : émission de gaz à effet de serre, acidification de l’air, qualité de l’eau (eutrophisation), épuisement des ressources fossiles, … ainsi que les éventuelles contributions positives de l’élevage (stockage du carbone, maintien de la biodiversité,..) et de faire un bilan du type analyse des cycles de vie (ACV) des kg de viande sortis.
4 660 kg eq CO2 / UGB
Sans modifier la production totale de viande, les marges de manœuvre restent limitées, mais elles existent et il serait possible de passer d’un bilan émission-stockage de 8,6 kg CO2 par kg de poids vif en 2015, à 5,1 kg CO2/kg pv en 2030 (voir graphique).
Parmi les principaux leviers des exploitations bovines : la meilleure gestion des intrants (azotés notamment), la gestion des déjections en bâtiment qui émettent des protoxydes d’azote (N2O), la réduction des temps de présence des animaux improductifs (génisses), ainsi que le stockage du carbone dans le sol des prairies de longue durée et sous formes de bois et de haies. En effet, la compensation des émissions de GES bruts est directement dépendante des ares de prairies permanentes mobilisés par UGB (et donc par kilo de viande vive) : de 30 à 90 ares par UGB dans le bassin charolais. La référence actuellement admise est de 760 kg de carbone stockés par ha de prairies permanentes et par an soit 2 785 kg Eq CO2.
En moyenne, les exploitations allaitantes émettent 13,1 kg CO2/kg vv pour naisseurs-engraisseurs de JB et 14,4 kg CO2/kg vv pour les naisseurs de mâles et femelles maigres. Soit environ 4 660 kg Eq CO2 par UGB.
Le tableau ci-dessous compare les émissions de GES chez les élevages émettant le plus et ceux émettant le moins. On remarque qu’une productivité animale (PVV/UGB) élevée contribue à réduire les émissions de GES. Le poste « aliments concentrés » pèse lourd, tout comme l’utilisation d’azote minéral qui marque une différence entre les meilleurs et les moins bons.
Elevages allaitants naisseurs de mâles maigres et femelles finies, tous types de systèmes. Chiffres exprimés en kg Eq CO2 / kg vv (indépendamment du stockage de carbone) | ||
| 25% des élevages les moins émetteurs | 25 % des élevages les plus émetteurs |
GES Bruts en kg CO2 / kg vv GES Bruts / UGB Poids viande vive/UGB Concentrés achetés / UGB Fuel SU / UGB Unités N SU / UGB Unités P + K SU / UGB | 12,5 kg Eq CO2 / kg vv 4 390 kg Eq CO2 / UGB 363 kg vv / UGB 310 kg Eq CO2 / kg vv 66 kg Eq CO2 / kg vv 22 kg Eq CO2 / kg vv 18 kg Eq CO2 / kg vv | 16,3 kg Eq CO2 / kg vv 4900 kg Eq CO2 / UGB 311 kg vv / UGB 310 kg Eq CO2 / kg vv 66 kg Eq CO2 / kg vv 61 kg Eq CO2 / kg vv 37 kg Eq CO2 / kg vv |
« Les élevages du groupe des plus émetteurs présentent deux profils, explique Jean Devun de l’Institut de l’élevage. Soit la production de viande vive par UGB est nettement inférieure à la moyenne associée à des niveaux d’intrants dans la moyenne, soit la production de viande par UGB est élevée mais associée à des niveaux d’intrants très élevés. »