Edito
Climat : ça sent le gaz !

Il est - heureusement - bien loin le temps où les tracteurs polluaient l'air comme celui-ci. L'évolution des normes moteur contribuent à réduire les émissions de gaz à effet de serre par les engins agricoles. <br />(©Watier visuels)
Il est - heureusement - bien loin le temps où les tracteurs polluaient l'air comme celui-ci. L'évolution des normes moteur contribuent à réduire les émissions de gaz à effet de serre par les engins agricoles.
(©Watier visuels)

 

Décembre 2015 doit faire date. Au Bourget, la 21e « Conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques » - plus communément appelée «  Cop21 » - rassemble, malgré les tragiques événements, les dirigeants de 196 pays. Objectif : graver dans le marbre des engagements sans précédent pour limiter le réchauffement climatique à 2 °C d’ici la fin du siècle. Sans ces accords, l’emballement du mercure, de 3 voire 4 °C, serait catastrophique. Raréfaction de la ressource en eau , périodes de sécheresse et autres incidents climatiques plus nombreux, difficultés d’irrigation, forte baisse des rendements … : l’agriculture, mondiale, européenne, française, sera le premier secteur d’activité touché. Votre exploitation le sera également.

Arnaud Carpon, journaliste chef de rubrique
Arnaud Carpon, journaliste
chef de rubrique "politique
agricole, économie, gestion,
société".(©TNM)

Si l’objectif européen compte parmi les plus ambitieux – réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2030 par rapport à 1990 – l’agriculture, non soumise au marché de quotas de CO2, devra se résoudre à diminuer de 25 % ses rejets de dioxyde de carbone et surtout de méthane et protoxyde d’azote. Dans ce contexte à long terme, les progrès de la sélection variétale et les évolutions du machinisme, améliorant la précision des pratiques, sont plus que jamais escomptés.

Sur le terrain, les organisations professionnelles et syndicats défendent, à juste titre, les efforts déjà fournis. Et promeuvent ce qui peut être encore réalisé. Couverture des sols plus importante, méthanisation, pilotage plus précis de la fertilisation azotée, meilleure gestion des prairies, etc : il faudra agir sur tous les leviers possibles pour réduire l’empreinte de votre ferme.

J’entends beaucoup d’entre vous me dire : la conjoncture économique ne s’y prête pas. Vous avez raison, mais 2030, c’est demain. Le climat n’attendra pas. Bruxelles non plus ! Nos élus européens ne tarderont pas à traduire l’engagement par des directives et autres règlements. En la matière, la directive nitrates, votée il y a 24 ans, sonne comme une expérience douloureuse pour de multiples raisons.

Le réchauffement climatique ne serait-il donc pas l’occasion d’éviter de répéter les mêmes erreurs ? Pour y parvenir, la recette parfaite n’existe pas, mais devra contenir sans doute trois ingrédients : le bon sens politique, la lucidité des représentants agricoles et la responsabilité de chacun.

Edito paru dans Terre-net Magazine n°51 de décembre 2015.

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