« Ce qui a été décisif pour la semaine (...) c'est que jeudi, le marché du blé a nettement monté, suivi par celui du maïs, en réaction au dollar », a mis en avant Bill Nelson, de Doane Advisory Services. Alors que le récent renforcement du billet vert plombait le moral des exportateurs américains, le dollar a chuté jeudi au profit de l'euro, qui a bénéficié d'annonces étonnamment mesurées de la Banque centrale européenne (BCE) sur ses rachats d'actifs. « Beaucoup d'investisseurs qui avaient très nettement parié sur une baisse du marché du blé et, dans une moindre mesure, du maïs et sont repassés à l'achat », a noté M. Nelson.
Cette actualité macroéconomique a d'autant plus dominé les marchés agricoles que leur actualité spécifique n'est pas très chargée, dans un contexte plutôt morose. « Le plus souvent, partir à la recherche d'informations entre Thanksgiving », fin novembre, « et Noël, c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin », a ironisé Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors. « Plus particulièrement, pour le maïs, l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) a relevé ses objectifs de production d'éthanol pour 2016 », a-t-il remarqué. Comme l'éthanol est fait à partir de maïs, « cela a été un facteur positif, mais c'est contrebalancé par des exportations qui continuent à suivre un rythme d'escargot », a relativisé M. Strickler.
Un gros problème d'exportation de maïs
Les chiffres publiés cette semaine par le ministère américain de l'agriculture (USDA) continuent à témoigner d'exportations médiocres pour le maïs et le blé, le marché du soja s'en sortant mieux. « On a un terrible problème d'exportations pour le maïs, et cela persiste », ont insisté les experts de la maison de courtage Allendale. « L'USDA va devoir ajuster ses prévisions [de demande] la semaine prochaine ». Le ministère publiera mercredi son rapport mensuel, dit Wasde, sur l'état de l'offre et de la demande de produits agricoles dans le monde, auxquels les marchés accordent souvent beaucoup d'attention. Toutefois, le rapport de décembre « est généralement l'un des moins suivis, si ce n'est le moins suivi de l'année », a reconnu M. Nelson, soulignant qu'à l'inverse de la demande, l'USDA ne devrait pas réviser ses estimations sur l'offre.
Il estimait que le marché serait surtout tourné vers l'Amérique latine, où le temps reste favorable aux cultures, notamment de soja. Surtout, « ce n'est pas tant l'état des cultures que les événements politiques qui comptent en ce moment, comme l'actualité au Brésil où la présidente pourrait être destituée », a conclu M. Nelson, évoquant aussi les suites en Argentine de l'élection fin novembre du candidat libéral Mauricio Macri à la tête de l'Etat. Le parti au pouvoir au Brésil va saisir la Cour suprême pour tenter de faire avorter la procédure de destitution lancée mercredi contre la présidente Dilma Rousseff, coup d'envoi d'une longue crise politique qui va paralyser un peu plus la septième économie mondiale en pleine récession.
Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en mars, le contrat le plus actif, a terminé vendredi à 3,8150 dollars, contre 3,6725 dollars en fin de semaine précédente (+ 3,88 %). Le boisseau de blé pour mars, également le plus actif, valait 4,8450 dollars contre 4,7900 dollars auparavant (+ 1,15 %). Le boisseau de soja pour janvier, lui aussi le plus échangé, coûtait 9,0600 dollars contre 8,7300 dollars précédemment (3,78 %).