Comme les semis de maïs et de soja n'ont pas encore commencé et que les cultures de blé d'hiver ne sont pas encore à un moment stratégique, les investisseurs américains en sont réduits à attendre un rapport sur les intentions des agriculteurs, mais il doit être publié dans plus d'un mois. « Quand j'étais petit et qu'il pleuvait pendant la récréation, on jouait à l'intérieur - au grand malheur de notre instituteur », a ironisé Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors. « En ce moment, les marchés agricoles sont à peu près aussi passionnants. »
Pour le moment, les cours ont été soutenus par « la force des marchés financiers, avec de nettes hausses des Bourses et une reprise des prix du pétrole », a noté Bill Nelson, de Doane Advisory Services. « Les investisseurs sont plus à l'aise à l'idée d'acheter des matières premières. » Malgré un repli en fin de semaine, les cours de l'or noir, qui avaient chuté au plus bas depuis 2003, ont repris un peu d'allant après un accord entre grands producteurs, dont l'Arabie saoudite et la Russie, pour geler leur production.
Parmi les quelques actualités spécifiques aux marchés agricoles, « les cours du maïs ont profité d'annonces favorables sur les exportations », a noté M. Nelson, évoquant à la fois des communiqués quotidiens séparés sur des ventes à l'étranger et des chiffres hebdomadaires, publiés vendredi par le ministère de l'Agriculture (USDA), nettement supérieurs aux attentes. « Les cours du maïs avaient nettement baissé voici deux semaines, donc cela a attiré les acheteurs à l'international », a-t-il expliqué.
Un réchauffement à double tranchant pour les cultures
Les cours du soja ont de leur côté profité de craintes d'embouteillage au Brésil, au large duquel de nombreux bateaux attendent leurs cargaisons, mais les observateurs doutent que cela soutienne le marché américain à moyen ou long terme. « Vu que 16 % de la récolte brésilienne est déjà effectuée et que l'on attend une production sans précédent, parier sur une hausse du marché du soja, c'est comme jouer à la loterie », a jugé M. Strickler.
Enfin, le marché du blé essaie d'évaluer les conséquences d'un réchauffement annoncé des températures la semaine prochaine, à double tranchant pour les cultures. D'un côté, ces prévisions sont favorables aux agriculteurs et donc négatives pour les cours, car elles éliminent la perspective immédiate de dégâts liés à l'hiver, mais, de l'autre, elles risquent de précipiter la sortie des cultures de leur période de dormance et de les rendre vulnérables au cas où les températures rebaisseraient nettement ensuite. Pour le moment, en ce qui concerne le blé, « le thème dominant est toujours une offre élevée et une demande limitée », ce qui restreint l'appréciation des cours, a conclu Jack Scoville, de Price Futures Group.
Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en mars, le contrat le plus actif, a terminé vendredi à 3,6550 dollars, contre 3,5875 dollars en fin de semaine précédente (+ 1,88 %). Le boisseau de blé pour mai, désormais le plus actif, valait 4,6675 dollars contre 4,6250 dollars une semaine plus tôt (+ 0,92 %). Le boisseau de soja pour mars, là encore le plus échangé, coûtait 8,7825 dollars contre 8,7275 vendredi dernier (+ 0,63 %).
