
La baisse du nombre d’installations en agriculture n’aura été que très modérée entre 2011 et 2012. La Caisse centrale de la Msa a enregistré 12.500 installations, tous âges confondus, en 2012, contre 100 de plus l’année précédente. Sur les trois précédentes années, le nombre d’installations n’a ainsi baissé que de 6 %, alors qu’il s’était effondré de 17,3 % sur la seule année 2009.
Cette relative stabilité est à mettre au crédit d’installations tardives plus nombreuses que les années précédentes. La hausse de 1,7 % du nombre d’installés de plus de 40 ans est venue compenser en partie la baisse de 2,1 % du nombre d’installés plus jeunes.
Les chiffres de la Msa cachent néanmoins de grandes disparités territoriales, « traditionnellement très dynamiques en matière d’installations, les départements de la façade atlantique subissent une diminution des installations », à l’exception de la Vendée, de la Charente-Maritime et des Landes. Dans certains départements, le nombre d’installations a chuté de 25 %, comme « dans les Alpes-Maritimes, l’Yonne, l’Hérault, la Somme ou la Meuse ». A l’inverse, les régions Alsace (+ 35,3 %) et Basse-Normandie (+ 10,8 %) restent très dynamiques.
Un taux de renouvellement exceptionnel
Conjugée à une chute de 25 % du nombre de départs à la retraite, cette faible évolution du nombre d’installations sur le plan national se traduit finalement par un effet bénéfique sur la démographique agricole par rapport aux années antérieures. Grâce à ces chiffres, 87,4 % des départs à la retraite des chefs d’exploitation ont été compensés.
« Les deux années précédentes, seulement deux tiers des départs en retraite étaient compensés par des installations agricoles », explique la Msa.
Reste que, si le nombre d’installations évolue peu, le profil des nouveaux agriculteurs, lui, continue de changer. Outre plus âgés, ces derniers laissent la place aux agricultrices : les femmes représentent 30,1 % des effectifs en 2012, contre 27,4 % quinze ans plus tôt. Ils sont aussi davantage pluriactifs : presque un tiers des nouveaux arrivants l’est. Plus nombreux, les plus de 40 ans conservent davantage « une activité professionnelle "extérieure" pour se prémunir contre les éventuels risques liés à l’installation ».
Et malgré les difficultés enregistrées ces dernières années dans la filière laitière, le taux de maintien dans l’activité des éleveurs installés en 2007 reste le plus élevé de toute la profession agricole : 90 % des installés en production laitière, viande bovine ou polyculture élevage sont toujours sur leur exploitation cinq ans plus tard, contre 85 % des céréaliers et 76 % des viticulteurs.
Des chiffres « rassurants, encourageants », selon JA
« Le taux de compensation de 87,4 % en 2012 contre 66 % en 2010 et 2011 démontre l’efficacité du travail entrepris sur la transmission depuis la charte de 1995 où des outils avaient été créés pour répondre à l’objectif ambitieux de JA : une installation pour un départ », réagit Jeunes agriculteurs dans un communiqué.
« Ce travail doit continuer, mais pour cela le Gouvernement doit prendre en compte les demandes de JA : renforcer le repérage et l’accompagnement des futurs cédants et ainsi inscrire de véritables propositions dans la loi d’avenir agricole, qui devrait être votée fin janvier. »
Mais le syndicat s’inquiète de l’absence, dans le projet de loi, des outils « comme le Répertoire départ installation (Rdi) et la Déclaration d’intention de cessation d’activité agricole n’apparaissent pas dans le projet de loi ».
« L’objectif de demain ne doit pas être de maintenir le nombre d’installations, mais bien de le voir augmenter pour répondre au défi "d’une installation pour un départ".»