Les participants au colloque organisé par la Coopération agricole et par les Echos events mardi 23 septembre ont justement présenté comment ces coopératives conquièrent le monde. Avec, en France, des stratégies qui réussissent, selon eux !
Pour le cabinet d’audit et de conseil PwC, les coopératives françaises se portent mieux que leurs concurrentes étrangères : sur les sept dans le top 20, trois d’entre elles l’ont intégré l’an passé et la croissance des 10 premières coopératives entre 2008 et 2013 a atteint 7,4 % par an contre 7 % pour l’ensemble des coopératives du top 50 mondial. Mais ce sont les coopératives d’Europe du Nord (Hollande, Danemark, Allemagne) qui occupent les six premières places du Top 20.
Toutefois, les sept coopératives françaises en tête ont réalisé le meilleur chiffre d’affaires (32,4 Mds d’€) d’Europe en 2013. En 2008, elles ne pesaient que 20,6 Mds d’€ mais elles étaient moins nombreuses en lice.
Pour Philippe Mangin, président de Coop de France, ces données masquent l’érosion globale du secteur coopératif l’an passé avec une augmentation limitée de son chiffre d’affaires de 0,6 % et une baisse de son activité de 2,6 %, comparé à 2012. Il déplore que le carnet de commandes des industries agroalimentaires étrangères soit plein pour des années, mais pas ceux des françaises !
Des carnets de commandes pleins sauf en France !
La croissance des plus grandes coopératives françaises et européennes est d’abord portée par d’importants rapprochements « pour sécuriser la supply chain alimentaire mondiale et pour peser davantage sur le marché », selon le cabinet d’audit et de conseil PwC.
« La taille est l’un des six principaux leviers qu’elles actionnent pour relever ce défi, avec l’internationalisation de leurs activités, l’intégration verticale amont et aval de leur portefeuille d’activités par acquisitions ou partenariats, le développement de marques fortes, l’innovation et le développement de filières inclusives avec d’autres acteurs privés et publics ».
Pour de nombreuses coopératives agricoles, la course à la taille critique est essentielle pour peser sur le marché. L’objectif de ces restructurations « est d’être aussi proche que possible de ses marchés, et d’être plus compétitif en réduisant ses coûts de production et de logistique. Les acteurs adoptent des stratégies variées, de l’export à l’implantation locale », toujours selon Pwc.
Mais « la conquête du monde » par les coopératives, pour reprendre le titre du colloque des Echos events, ne peut pas se faire au détriment du marché intérieur. C’est pourquoi elle passe d’abord par un certain nombre de regroupements au niveau régional, dans un cadre qui reste national.
Par ailleurs, la France dispose d’atouts à l’export considérables pour les produits à forte valeur pour lesquels elle est bien placée. Toutefois ils ne suffisent pas pour compenser ses problèmes de compétitivité sur les produits de « premier prix » pour lesquels les concurrents étrangers se repositionnent pour gagner des parts de marchés à l’export. L’exemple de la viande de volaille en France est éloquent : 87 % de la viande utilisée par la restauration collective est importée !
Résultat, l’agriculture de « premier prix » de masse disparaît et les produits bon marché sont massivement importés en France pour répondre à la demande des consommateurs au pouvoir d’achat limité. Alors que notre pays pourrait les produire !
La restructuration des coopératives est portée à la fois par la croissance démographique (en particulier l’Afrique et l’Asie), la montée en puissance économique des pays émergents, l’urbanisation croissante des populations, le changement climatique et la rareté des ressources naturelles, et les ruptures technologiques.