Sur fond de crise profonde, une hausse surréaliste de 9,3 %

Pour 2015, la hausse nationale de 9,3 % du revenu agricole par actif non salarié ne traduit pas la crise profonde subie par plusieurs filières agricoles. (©Watier visuels)
Pour 2015, la hausse nationale de 9,3 % du revenu agricole par actif non salarié ne traduit pas la crise profonde subie par plusieurs filières agricoles. (©Watier visuels)

Pour 2015, la hausse nationale de 9,3 % du revenu agricole par actif non salarié ne traduit pas la crise profonde subit par plusieurs filières agricoles.
Pour 2015, la hausse nationale de 9,3 % du revenu agricole par actif non salarié ne traduit pas la crise profonde subie par plusieurs filières agricoles. (©Watier visuels)

Selon la commission des comptes de l’agriculture de la nation, qui s’est réunie mardi 5 juillet 2016, le revenu de la branche agricole par actif non salarié a augmenté, en termes réels, de 9,3 % en 2015.

Par ailleurs, le nombre d’agriculteurs continue de baisser fortement. Le nombre d’UTA totales (unités de travail annuel), soit l’équivalent en emplois à temps complet, a baissé de 0,8 %. Mais le nombre d’UTA non salariées, c’est-à-dire le nombre d’agriculteurs, a lui baissé de 1,9 %.

Indicateurs de résultat agricole 2015 en termes réels
Indicateurs de résultat agricole 2015 en termes réels (©CCAN)

Année après année, la traditionnelle sortie des chiffres des comptes de l’agriculture constitue, pour tous les acteurs, une expérience de plus en plus difficile. « L’estimation de ce poste est délicate, elle résulte d’une modélisation et se trouve de ce fait moins robuste que les données observées », reconnaît la commission dans son rapport. Par ailleurs, on comprend aisément la discrétion du ministère de l’agriculture, autant à l’égard des chiffres nationaux que des chiffres sectoriels. Ces derniers, qui ne sont plus publiés par la CCAN, seraient très négatifs pour de nombreuses productions, et particulièrement en production laitière.

Dans une conjoncture dégradée, difficile de mettre en avant, soit des chiffres positifs complètement déconnectés de la réalité, soit des résultats certes réalistes, mais qui constitueraient un aveu d’impuissance des pouvoirs publics en général et du gouvernement en particulier. Quant aux chiffres nationaux, ils sont devenus si généraux et si variables selon les méthodes de calcul qu’ils ne peuvent servir à la moindre analyse fiable.

Aussi, les différences de résultats entre les premières estimations publiées en décembre 2015 et celles publiées ce 5 juillet 2016 peuvent poser question. Il y a six mois, la commission avait estimé la hausse du revenu net par actif non salarié à 16,2 % en termes réels.

Pas de résultats sectoriels pour chiffrer l’ampleur de la crise

Comme en décembre 2015 pour ses premières estimations, il faut se contenter de chiffres nationaux, la CCAN et le ministère de l’agriculture ayant décidé de ne plus publier par d’évolutions par production. Cette nouvelle stratégie est très critiquée par les syndicats et les organisations professionnelles, dans un contexte économique très difficile pour certaines filières.

« On regrettera l’absence d’éclairage sectoriel (…) qui aurait été particulièrement important pour mesurer l’ampleur des crises de l’élevage laitier et porcin en 2015 », notent les chambres d’agriculture. Ces résultats nationaux positifs agrègent en effet des situations sectorielles très contrastées : la valeur de la production laitière a baissé de 11,5 %, celle de la production porcine de 6,5 %. En production végétale, la baisse de valeur est de 18 % pour le maïs. « La vérité est sur le terrain, dans la réalité de gestion des exploitations », dénonce la FNSEA qui considère comme une « provocation » l’absence de résultats par production pour mettre des chiffres sur la crise agricole. « La situation est déjà trop difficile pour laisser paraître ce genre de chiffres hors sol », critique le syndicat.

Indicateurs de résultats agricoles pour 2013, 2014 et 2015, en termes réels
Indicateurs de résultats agricoles pour 2013, 2014 et 2015, en termes réels (©CCAN)

« Comme chaque année, ces chiffres feront réagir, un peu, puis seront oubliés alors que 2016 s’annonce pire encore, réagit la Confédération paysanne. En faisant des paysans les ouvriers d’une production alimentaire standardisée, on a fait d’eux une catégorie négligeable, et négligée. Il y a urgence à mettre en place des politiques agricoles qui redonnent de la valeur à notre alimentation à tous, et au revenu aux paysans !  »

Pour la Coordination rurale,  ces résultats « rappellent le besoin urgent de réformer la Pac. La réforme de la Pac pour des prix rémunérateurs est une nécessité, pas seulement pour les agriculteurs mais pour l’ensemble de la société. »

Les chambres d’agriculture relèvent enfin la forte volatilité à laquelle sont soumis les agriculteurs. « Le revenu agricole global a été divisé par deux entre 2007 et 2009 puis il est passé du simple au double entre 2009 et 2015. Quel autre secteur d’activité peut supporter de telles variations de revenu et assurer la pérennité durable de ses entreprises ? »

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