Les propositions de Stéphane Le Foll pour une « France durable »

Ministre de l'agriculture pendant tout le quinquennat de François Hollande, candidat à l'investiture socialiste pour 2022, Stéphane Le Foll détaille ses propositions pour une France durable dans un essai, Renouer avec la France des Lumières. (©Terre-net Média)
Ministre de l'agriculture pendant tout le quinquennat de François Hollande, candidat à l'investiture socialiste pour 2022, Stéphane Le Foll détaille ses propositions pour une France durable dans un essai, Renouer avec la France des Lumières. (©Terre-net Média)

Sur les rangs pour l’investiture du PS à l’élection présidentielle face à la maire de Paris Anne Hidalgo, Stéphane Le Foll a demandé pendant plusieurs semaines la mise en place d’un débat et d’une primaire avec la même ardeur dont ont fait preuve les dirigeants de son parti pour ignorer tant que possible sa candidature. Le vote finalement organisé entre les militants socialistes, le 14 octobre, laisse donc peu de place au suspense, mais l’ancien ministre de l’agriculture ne renonce pas à défendre son projet rassemblé dans un essai publié début septembre, « Renouer avec la France des Lumières » (éditions Calmann-Lévy).

Stéphane Le Foll, aujourd’hui maire du Mans y présente sa vision de la France et les idées qu’il porte pour « se hâter vers le progrès », fustigeant l’inadaptation de l’offre politique proposée par la gauche aux classes populaires et, plus largement, aux classes « insécurisées » qui, composant au quotidien avec l’instabilité économique, ne peuvent adhérer à un discours de sobriété et de décroissance.

Pas « d’écologie moralisatrice »

Ainsi, l’ancien ministre de l’agriculture rejette d’emblée « la conception d’une écologie moralisatrice, d’une société réparatrice, qui entraîne des interdits pour corriger les dégâts de l’humanité sur la planète et la nature ». Si le modèle actuel, dont les limites et les défauts sont désormais connus, doit nécessairement évoluer, il rappelle que « tourner la page de cette phase ne peut pas se concevoir en dénonçant le productivisme, en contestant l’industrialisation de nos économies pour basculer dans le tout-artisanat, le localisme, le maraîchage » qui, limitant les économies d’échelle, entraineraient une augmentation des coûts.

En ce sens, se focaliser uniquement sur l’agriculture biologique comme le défendent les écologistes, conduirait à une impasse puisque, rappelle-t-il, beaucoup de familles ne peuvent pas se permettre d’augmenter, même légèrement, le budget consacré aux repas. Pour Stéphane Le Foll, c’est davantage dans la « combinaison » des différentes approches qu’il faut investir pour changer la donne.

Développer l’agroécologie

Cette vision se traduit dans les priorités qu’il met en avant pour la « croissance sûre », une croissance qui permet d’investir, grâce à la reprise de la consommation post-crise, dans la transition énergétique et de sortir des énergies fossiles tout en finançant le modèle social. Pour donner l’impulsion, il propose la mise en place par l’État d’un fonds de 100 milliards d’euros. Des investissements sont également nécessaires pour le développement de l’agroécologie, son cheval de bataille pendant les cinq années qu’il a passées rue de Varenne. Si, à l’époque, le sujet a cristallisé les débats avec la profession, Stéphane Le Foll peut, d’une certaine façon, s’enorgueillir d’un succès tardif puisque le terme est désormais brandi par tous, notamment par le ministre actuel et le syndicat agricole majoritaire.

L’ancien ministre de l’agriculture préconise de poursuivre la voie ouverte par la loi d’avenir qu’il a fait voter en 2014 : réduire le recours à la chimie, au machinisme, aux énergies fossiles et utiliser ce qui est gratuit dans la nature pour produire mieux, sans se passer des bénéfices de la polyculture-élevage. « On doit combiner le bien-être animal et l’élevage dans des conditions agroécologiques qui participent à l’équilibre agronomique des sols et à leur fertilité », explique-t-il.

Il regrette par ailleurs le recul dans la mise en place des certificats d’économie de produits phytosanitaires (CEPP). En effet, si les vendeurs de produits phytosanitaires ne parvenaient pas à réduire leurs ventes de 20 % en cinq ans, le dispositif prévoyait une taxe calculée sur la base du Nodu, mais cette dernière a finalement été réduite à zéro.

4 pour 1000, bioéconomie

Il est également indispensable, explique Stéphane Le Foll, de « poursuivre la couverture des sols agricoles, nécessaires à l’accroissement de la photosynthèse avec le développement des techniques, favoriser les rotations de cultures, la biodiversité qui est utile à la production ». C’est le projet de l’initiative 4 pour 1000, lancée lorsqu’il était ministre. Parallèlement, il incite également à reprendre le plan pour la bioéconomie qu’il avait présenté en 2016, afin de « multiplier par trois l’activité photosynthétique des plantes et des végétaux ».

Loin de se cantonner au secteur agricole, Stéphane Le Foll avance des propositions sur l’Europe, le multilatéralisme, mais également sur les institutions ou la politique sociale, avec un objectif, « parler à ceux qui n’y croient plus », notamment les couches populaires et moyennes, ou les jeunes. Minoritaires dans le monde rural, souvent incompris des citadins, les agriculteurs en proie à de nombreuses crises ces dernières années se reconnaissent-ils dans les classes insécurisées décrites par l’ancien ministre ? La question, et les solutions à apporter, seront peut-être débattues dans le cadre de la campagne présidentielle.

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