« Pour commercialiser ma récolte, j’ai l’habitude de me positionner très tôt sur les marchés à terme. En général, environ 40 % de ma production de blé est déjà engagée à la moisson. Grâce à cette stratégie, mais aussi à de bons rendements, mes résultats 2013 ont été supérieurs à ceux de l’an passé, contrairement à beaucoup d’autres producteurs.
Côté charges, je dois amortir d’importants investissements réalisés ces dernières années. Cela impacte mon coût de revient. En blé, il avoisine 160 €/t au lieu de 140 €/t. Pour moi, ce ne sont pas les perspectives de marché qui sont inquiétantes. Depuis plusieurs mois, le blé évolue dans un tunnel de prix entre 170 et 200 €/t. A moyen terme, je ne pense pas qu’on observera une grande volatilité des cours, à la hausse comme à la baisse.
En revanche, en s’appuyant sur des chiffres de revenus erronés pour faire ses choix sur la réforme de la Pac, Stéphane Le Foll a complètement planté les céréaliers français. Mes aides vont passer de 300 €/ha à environ 200. Or ces 100 €/ha de différence constituaient notre unique filet de sécurité face aux fluctuations des marchés. Avec cette redistribution, les agriculteurs vont geler leurs investissements. Pour ma part, je vais être contraint de désinvestir. Et dans les mois et les années futurs, si les prix ne se maintiennent pas au moins au niveau actuel, je serai peut-être forcé de licencier un salarié. »