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Le dernier rapport de l’Usda (statistiques économiques) sur la situation mondiale du marché du blé indique que la campagne devrait se terminer sur un stock de report de 177 Mt, à comparer à des utilisations mondiales de 666 Mt, ce qui laisserait apparaître un ratio stock sur consommation de 27 % soit pratiquement 100 jours de consommation. Dans ces conditions on peut écarter tout risque de pénurie de blé à l’échelle mondiale.
Cependant il existe une question plus préoccupante : les stocks existants ne sont pas situés dans les régions du monde (Afrique, Moyen-Orient) où la tension sur les prix est la plus vive du fait de l’embargo russe.
Question 2 : Existe-t-il un risque de pénurie dans l’UE ou dans la zone méditerranéenne ?
L’analyse régionale montre une baisse des stocks forte au Moyen Orient et dans l’UE. Les stocks de l’Afrique Noire sont bas et les stocks de l’UE seront plus faibles à la fin de la campagne qu’à l’issue de 2007/08 (année où les prix étaient montés jusqu’à 300 €/t).
Cet affaiblissement général des stocks de la région est la conséquence directe du retrait russe du marché de l’exportation. L’UE va exporter les volumes les plus importants possibles et les pays consommateurs vont déstocker pour réduire autant que faire se peut les importations. A ce prix là, il ne devrait pas y avoir de pénurie sur le marché mais une fin de campagne tendue. En contrepartie, les Etats-Unis détiennent encore de fortes disponibilités à l’exportation et devraient prendre progressivement le relais de l’UE au cours de la deuxième partie de campagne pour répondre aux besoins de l’Afrique et du Moyen Orient.
Le stock de report américain est pour l’instant estimé par l’Usda à 23,4 Mt et représenterait 35 % des utilisations américaines soit une situation très confortable qui permettrait des exportations plus importantes que celles qui sont actuellement prévues (34 Mt sur lesquelles plus de 25 Mt ont été chargées fin 2010).
L’Argentine de son côté devrait posséder un disponible exportable étoffé lui permettant de couvrir également une demande émanant de pays ne figurant pas dans sa zone de chalandise habituelle.
Question 3 : Quid des inondations en Australie ?
En ce qui concerne l’Australie la situation céréalière n’est pas aussi catastrophique que le laisserait penser l’ampleur des inondations. Les prévisions de récolte laissent apparaître une moisson proche des meilleures années en termes de volume. Le Queensland, sur lequel l’attention se focalise actuellement est l’Etat australien dont la production de blé est la plus faible ; il ne représente que 7 % des surfaces de blé du pays. Il est situé au Nord, donc dans la partie la plus chaude et la récolte commence dès octobre. Le plus probable est que l’essentiel de la récolte ait déjà été moissonné.
Question 4 : La situation au Queensland peut inquiéter sur un point : les volumes stockés ont-ils été endommagés par les inondations ?
En ce que concerne les autres Etats producteurs de l’Est australien (Nouvelles Galles du Sud, le Victoria et l’Australie méridionale, les préoccupations seront surtout d’ordre qualitatif. Les blés qui ont subi une pluviométrie excessive présentent des défauts graves qui peuvent amener les vendeurs à déclasser ces blés vers des usages fourragers. Mais ils pourront largement être vendus dans la zone de chalandise de l’Asie du Sud Est qui exprime une demande de maïs très importante. (Importations de maïs : Japon 16 Mt, Corée du Sud 8,4 Mt, Taïwan 4,6 Mt, Malaisie 2,7 Mt Vietnam 1,6 Mt)…
Question 5 : Les prix mondiaux peuvent ils encore monter ?
Tous les regards vont se porter dès mars vers la nouvelle récolte et le « weather market » va battre son plein. La volatilité des cours risque d’être forte et de nouvelles hausses ne peuvent être exclues. C’est pourquoi les acheteurs du marché intérieur (fabricants d’aliment du bétail et meuniers) n’ont aucun intérêt à repousser leur couverture de fin de campagne. C’est maintenant le moment d’acheter.
Les derniers acheteurs paieront vraisemblablement les prix les plus élevés.