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Les cours, qui ont plus que doublé par rapport à la même période de l'an dernier, s'envolent depuis le 31 mars, date de la publication d'un rapport du ministère américain de l'Agriculture (Usda), qui a mis en relief des stocks extrêmement limités dans le pays, premier exportateur mondial. « Les stocks américains sont dangereusement bas, la demande reste soutenue et les importations chinoises devraient augmenter », ont résumé les analystes de Barclays Capital. Les Etats-Unis ont enregistré une récolte décevante l'an dernier, alors que la demande de matières premières montait avec la reprise de l'économie mondiale.
Les prix record encouragent les agriculteurs à semer davantage
Dans le même temps, la sécheresse l'été dernier en Russie a privé la planète d'une source importante d'approvisionnement en blé, renforçant la consommation de maïs, une autre céréale. Pour les analystes de Commerzbank, « contrairement à la plupart des autres produits agricoles, la pénurie de maïs n'est pas liée à des pertes de l'offre. A l'inverse, la production mondiale devrait atteindre un niveau record cette année, à 814 millions de tonnes ». Et les prix record encouragent les agriculteurs à semer davantage. Rien qu'aux Etats-Unis, la surface consacrée au maïs devrait se situer cette année à son plus haut niveau depuis 1944, selon les projections des autorités agricoles américaines.
Mais « les prix du maïs sont entraînés par une demande robuste », estime Commerzbank. « La demande est limitée par l'offre: il n'y en a pas assez », résume Bill Nelson, de la firme de conseil agricole Doane Advisory Services. « Les prix doivent monter » pour qu'offre et demande s'équilibrent. Avec des prix de la viande qui ont aussi flambé aux Etats-Unis, il reste rentable pour les agriculteurs de nourrir leur bétail avec du maïs. La hausse des cours du pétrole alimente en outre celle des prix du maïs: 40% de la production américaine de maïs est engloutie par la production d'éthanol, un bio-carburant contenu dans l'essence vendue dans les stations-services américaines. Avec l'envolée récente des cours du brut, sur fond de troubles dans le monde arabe, l'éthanol, même plus cher, reste compétitif pour être utilisé dans l'essence.
« A l'avenir, les prix du maïs vont rester élevés »
La tendance semble devoir se poursuivre: l'administration américaine, soucieuse de réduire la dépendance du pays à l'or noir, a autorisé en octobre les stations-services à distribuer de l'essence contenant jusqu'à 15 % d'éthanol, contre 10 % maximum actuellement. « Les Etats-Unis ne sont pas seulement un producteur de maïs, mais aussi le premier exportateur. Une grande partie du maïs est utilisé pour la production de biocarburants, il y a donc moins à exporter », constate Shengeen Fan, directeur général de l'International Food Policy Research Institute, une organisation basée à Washington, interrogé par l'Afp. « A l'avenir, les prix du maïs vont rester élevés », prévient-il.
« Cela va affecter les populations pauvres en Afrique et Amérique Latine, où le maïs est un composant important des repas et du régime alimentaire. La hausse des prix de la nourriture va les rendre plus pauvres et aggraver la faim ».