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La production est toutefois encore attendue bien au-dessus des niveaux très faibles enregistrés lors de la dernière grande sécheresse de 2008-2009, mais l'épisode est dans toutes les têtes, et tous redoutent une réédition de cette catastrophe.
Il faut dire que pour l'instant le contexte est comparable : chaleur et manque d'eau sont combinés à cause de La niña, phénomène océanique qui permet une remontée des eaux froides des grandes profondeurs du Pacifique et entraîne une période de sécheresse en Amérique du Sud.
« Tout va se jouer dans les 15 jours qui viennent »
« Jusqu'à la mi-novembre, les experts tablaient sur des niveaux records de récolte. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, ce qui provoque une hausse des prix sur les marchés mondiaux », explique Cédric Weber, responsable des services d'analyse d'Offre et demande agricole (Oda), qui estime que « tout va se jouer dans les 15 jours qui viennent ».
Au mois de décembre en Argentine, les précipitations ont touché un plus bas historique, selon l'Institut national de technologie agricole argentin (Inta) qui prévoit à plus long terme que les régions du centre, qui ont souffert d'un déficit d'eau, demeurent vulnérables. Pour l'instant cet épisode climatique a surtout touché le maïs, qui est en pleine floraison et dont une partie des dégâts sont irréversibles. « La perte de rendement est déjà enregistrée », a déclaré le directeur de l'Inta de la province de Corboda (centre), évoquant le chiffre de 50 % de baisse de production dans certaines régions, avec des conséquences évidentes sur les marchés mondiaux, l'Argentine étant le deuxième exportateur dans le monde derrière les Etats-Unis. « La moindre récolte sur le maïs sera toutefois en partie compensée par une augmentation des surfaces cultivées de l'ordre de 5 % », explique Sébastien Poncelet, analyste chez Agritel, qui précise que selon les estimations les plus alarmistes, l'Argentine pourrait voir sa production de maïs tomber à 20-21 millions de tonnes.
Un manque de 10 à 15 millions de tonnes de maïs
Pour le Brésil, quatrième exportateur mondial de maïs, l'Usda a maintenu inchangé ses prévisions de production malgré une baisse du rendement, espérant que les surfaces de la deuxième récolte, dont les semis s'achèvent, compenseront les pertes. Mais le consensus des analystes tablent sur une baisse. Selon M. Poncelet, si ces scénarios les plus pessimistes se réalisaient alors il pourrait manquer 10 à 15 millions de tonnes de maïs par rapport aux prévisions.
L'Argentine est le principal fournisseur international d'huile et de farine de soja et le troisième en graine de soja, tandis que le Brésil se place sur la deuxième marche dans toutes ces catégories. Autre point positif qui pourrait compenser les conditions climatiques désastreuses, selon les experts : les agriculteurs ont décidé d'étaler dans le temps leurs semis pour répartir les risques. Par ailleurs, entre 2008 et aujourd'hui, les prix élevés des céréales ont permis aux agriculteurs de choisir des semences de meilleure qualité génétique donc plus résistantes.
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