MeteoNews répond à vos questions
« La météo était, est et restera toujours une science qui n'est pas exacte »

Que pensez-vous des prévisions météo présentes sur Terre-net ? A quoi vous servent-elles ? Que voudriez-vous voir améliorer ? Quels sujets aimeriez-vous aborder avec MeteoNews... Voici quelques unes des questions que nous vous avions posées fin octobre sur Terre-net. Frédéric Glassey, directeur de la météorologie chez MeteoNews, a profité du Sima pour vous répondre : 

Terre-net (TN) : La première interrogation de nos lecteurs porte sur les prévisions à court terme. Pouvez-vous nous dire comment elles sont élaborées ?

Frédéric Glassey (FG) : « Les prévisions à court terme, c’est une cuisine assez complexe.  Dans le très très court terme, on va déjà tenir compte de la réalité observée, des stations, des radars, des satellites pour vraiment intégrer les changements rapides de situations météo, notamment l’été avec les orages.

Et puis, plus on avance dans l’échéance, au-delà de 2, 3 ou 4 jours, on a des modèles numériques à mailles assez fines, qui se réactualisent plusieurs fois par jour pour faire une prévision météo de qualité.

Il existe deux grandes familles de modèles de prévisions : la famille européenne dont on fait partie, et puis l'américaine qui a l’avantage d’être en libre accès. La famille européenne, ce sont des données qui coûtent beaucoup plus mais qui ont, en tout cas sur l’Europe, une fiabilité beaucoup plus élevée.

Et puis par-dessus, il y a la couche du météorologue qui peut également, manuellement le cas échéant, corriger la prévision dans certains types de domaine évidemment. Maintenant, on est sur des prévisions horaires avec 20-25 paramètres différents pour des centaines de milliers de localités donc on ne peut pas mettre un météorologue derrière chaque localité et chaque paramètre. »

Station météo
« On ne pourra jamais avoir une prévision fiable à 100 % », explique Frédéric Glassey. (©Pixabay)
 

TN : Y-a-t-il des phénomènes qui sont plus difficiles à prévoir que d’autres ?

FG : « En été, c'est la prévision des orages qui est très complexe. Ce n’est pas tant le fait de savoir qu’on a une potentialité orageuse, ça les modèles le prévoient relativement bien. Mais comme on est sur des phénomènes très locaux, c’est compliqué de savoir où l’orage va se produire, avec quelle intensité... La détermination des cumuls de pluie est aussi complexe car on peut vite passer de 5 à 40 ou 50 litres au mètre carré en l’espace de quelques minutes. Autre élément difficile à prévoir : la taille des grêlons sous les orages. 

En hiver, on a toujours des problèmes de prévision sur les nuages bas, les brouillards, stratus. De nouveau la potentialité de les avoir est relativement juste mais c’est toujours de savoir où exactement, à quel moment de la journée ils vont se dissiper, etc…  »

TN : Comment faire pour améliorer la fiabilité des prévisions météo ?

FG : « Il faut d'abord savoir que sur ces 30 dernières années, la fiabilité de la prévision s’est beaucoup améliorée. C’est une amélioration énorme sauf que dans le même temps, on a sacrifié ces améliorations à la précision. Il y a 25 ans en arrière, la météo c’était un pictogramme et une température pour le matin, une pour l’après midi et un pictogramme pour résumer les journées suivantes. Maintenant on est sur des pas horaires avec 20–25 paramètres différents. Alors certains ont l’impression que c’est toujours aussi faux, que cela ne s’est pas amélioré vraiment. Mais sur des pas horaires avec tous ses paramètres, l’amélioration est là.

On ne pourra jamais avoir une prévision fiable à 100 %.

Alors comment améliorer encore ? Déjà la puissance de calcul est une chose importante. Mais c'est surtout de pouvoir réactualiser la prévision de manière beaucoup plus rapide notamment dans le très court terme pour intégrer mieux la réalité météorologique observée. Là, il y a encore du travail à faire. Mais il faut le dire, la météo est, était et restera toujours une science qui n’est pas exacte. Ça, je crois qu’il ne faut jamais l’oublier. On ne pourra jamais avoir une prévision fiable à 100 %.  »

TN : Et comment sont élaborées les tendances météo à long terme, qui portent sur les six prochains mois ?

FG : « C'est Frédéric Decker, mon collègue météorologue qui réalise ces tendances à long terme. Il le fait avec sérieux mais la fiabilité n’est pas maximale (60-70 %) évidemment car on parle de ce qu’il va se passer dans les mois à venir.

Il compile toutes les analyses de différents instituts et s’accorde à prendre le scénario médian, c’est-à-dire le scénario le plus probable. Et non pas ce qu’on retrouve malheureusement trop souvent dans les médias, les scénarios les plus extrêmes avec l’été le plus chaud du siècle ou l’hiver le plus froid.

Il s’attarde sur deux paramètres que sont les anomalies par rapport à la température et par rapport aux précipitations. Il ne vous dira jamais le temps qu’il va faire au 5 ou 8 janvier ou au 12 février. Mais ça donne quand même des bonnes tendances : est-ce qu’on a une anomalie de températures positive ou négative par rapport aux moyennes, idem pour les précipitations. »

TN : Les agriculteurs ont besoin d'une prévision précise concernant la vitesse du vent, notamment pour établir leur planning de traitement. Comment peut-on améliorer cette prévision ?

FG : « Il faut savoir que la modélisation de la vitesse du vent est relativement bonne sur nos modèles à mailles fines. Mais dans certaines circonstances, si la prévision du vent moyen est relativement bonne, c’est plus complexe pour les rafales. Il est très très difficile de pouvoir prévoir une rafale maximale dans le cadre des orages. Il nous faut intégrer de plus en plus dans nos modélisations, la réalité locale, les reliefs... c’est là qu’il y a des voies d’améliorations encore assez importantes à faire. Je conseillerai donc aux agriculteurs de plutôt utiliser le vent moyen qui est un paramètre plus fiable que la rafale. »

TN : Pour terminer, quels conseils donneriez-vous aux lecteurs de Terre-net pour utiliser au mieux les prévisions météo présentes sur notre site ?

FG : « Notre prévision est une sorte de compilations. En fonction de l’échéance, elle fait appel à plusieurs types de prévisions. Ce n’est pas qu’un modèle qui tourne de manière automatique, c’est vraiment une compilation.

Le conseil, c’est de toujours regarder la situation d’abord au loin, donc voir ce qu’il se passe sur les 5, 10 prochains jours et puis surtout de regarder régulièrement cette prévision, minimum quotidiennement pour voir dans quel sens une tendance va évoluer. Si on voit que le scénario est toujours le même pour le 6e jour qui devient le 5e, puis le 4e … on a une bonne idée de la fiabilité de cette prévision-là. Il faut donc consulter régulièrement les prévisions météo.

Le problème de ce 21e siècle, c’est qu’on a tellement de sources météo diverses qu’on ne sait plus prendre une décision. Quand j’ai commencé la météo il y a 25 ans, il y avait une seule et unique source, c’était juste ou pas juste mais il n’y en avait pas d’autres. Ce n’était pas forcément plus compliqué que maintenant qu'on a une multitude de sources avec une qualité parfois variable. »

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