Derrière un label « bio » mondial, d’importantes différences de pratiques

L’absence de reconnaissance universelle mutuelle entre les différents systèmes de certification biologique peut engendrer de la confusion chez les consommateurs.
L’absence de reconnaissance universelle mutuelle entre les différents systèmes de certification biologique peut engendrer de la confusion chez les consommateurs. (©Adobe Stock, @ Brad Pict)

Derrière le label bio figurent des constructions réglementaires dépendantes du contexte national, explique Marie Asma Ben-Othmen, dans son article Pourquoi les labels bio ne se valent pas d’un pays à l’autre, publié sur le site The Conversation.

Le règlement européen est l’un des plus stricts. Etabli en 1991, il garantit une production sans OGM à toutes les étapes de production, et limite l’utilisation des intrants de synthèse (engrais azotés, herbicides et fongicides de synthèse).

« Afin de garantir la fiabilité du label, l’UE a mis en place un système de contrôle centralisé et harmonisé de supervision des chaînes de valeur alimentaires. Celles-ci englobent les producteurs, les transformateurs, jusqu’aux distributeurs. Ces contrôles reposent sur des règles précises définies par le règlement européen 2018/848 », explique Marie Asma Ben-Othmen. Chaque pays peut y ajouter des exigences supplémentaires : le bio français s’avère ainsi plus strict en ce qui concerne le contrôle de la traçabilité et du lien au sol.

En Amérique du Nord, une réglementation plus souple

Aux Etats-Unis, le label USDA Organic est plus souple que le label bio européen, notamment parce qu’il permet l’utilisation d’intrants de synthèse jugés nécessaires et sans alternative. Le système est relativement proche au Canada, une tolérance aux traces accidentelles d’OGM. Par ailleurs, certains systèmes d’élevage biologiques peuvent être très intensifs, ce « qui entraîne une perte de proximité avec l’idéal originel du bio », explique Marie Asma Ben-Othmen. Aux Etats-Unis, les fermes hydroponiques (culture hors sol) peuvent également être certifiées biologiques, ce qui est impossible en Europe.

Dans les pays émergents, des labels plus récents

La situation s’avère plutôt hétérogène dans les pays émergents, avec souvent des dispositifs nationaux plus récents, moins contraignants que dans l’Union européenne, mis en place pour faciliter l’exportation. « Au Brésil, les producteurs peuvent être certifiés via un système participatif de garantie (SPG), qui repose sur l’auto-évaluation collective des agriculteurs. En conséquence, ces labels peinent à construire une véritable confiance auprès des consommateurs », explique ainsi l’autrice.

« L’absence de reconnaissance universelle mutuelle entre les différents systèmes de certification biologique engendre de la confusion chez les consommateurs. Il crée également de fortes contraintes pour les producteurs », puisque ces derniers doivent obtenir différentes certifications pour exporter, indique Marie Asma Ben-Othmen.

En France, l’importance de l’absence de pesticides

Dans l’Hexagone, la rapide croissance du bio -en 2023, le marché a été multiplié par 23 par rapport à son niveau initial- est lié à un niveau de confiance élevé du consommateur, conséquence de son cahier des charges. C’est notamment le respect de la nature, de l’environnement, et l’absence de pesticides qui rassure les acheteurs français. Si le bio a souffert ces dernières années d’une crise de marché, les controverses suscitées par la loi Duplomb ont ravivé une certaine défiance vis-à-vis de l’agriculture conventionnelle : « dans ce contexte, les filières bio pourraient apparaître comme une valeur refuge pour les consommateurs, renforçant leur rôle de repère de confiance dans un paysage agricole fragilisé », estime la chercheuse.

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