L’année 2023 est marquée par une diminution du montant de prêts accordés par le Crédit Agricole, avec 9,54 milliards d’euros, soit 3,1 % de moins qu’en 2022. Néanmoins, ce recul doit être tempéré puisqu’il fait suite à une année record en 2022, année de fortes récoltes et de rattrapage post-Covid, a expliqué Jean-Christophe Roubin, directeur du marché de l’agriculture chez Crédit Agricole SA, le 17 septembre.
Les investissements ont progressé de 8 %, mais sont en recul sur les achats de terre (- 8,6 %) et sur les biens incorporels (- 19 %), ce qui traduit un ralentissement des cessions/transmissions et pose la question du renouvellement des générations en agriculture.
Un recul plus important dans la filière céréalière en 2024
Au premier semestre 2024, l’activité crédit est en baisse de 14,3 %, avec 4,2 milliards d’euros, une tendance qui s’observe dans presque toutes les filières, à l’exception des légumes et de la volaille. Les reculs les plus importants sont observés dans le secteur viticole (- 23,4 %) et dans les céréales (- 22,6 %).
Les crédits alloués au machinisme (Agilor) sont également en diminution sur les montants (- 24 %) comme sur le nombre de dossiers (- 19 %) par rapport au premier semestre 2023, freinés par la hausse des taux. Les investissements sont en baisse de 15 % sur l’ensemble des filières, particulièrement en céréales (- 20 %) et en viticulture (- 23 %). Les agriculteurs continuent d’investir mais privilégient probablement l’épargne bancaire au crédit, puisque celle-ci accuse un recul de 4 %, indique le Crédit Agricole. Il faut également noter que les investissements ont été particulièrement importants post-Covid et une fois passés les premiers mois de la guerre en Ukraine, souligne Jean-Christophe Roubin.
Pour autant, la situation économique de certaines filières est compliquée en 2024. Sur le marché des grains, l’effet ciseau, et la très mauvaise récolte de blé tendre aura des conséquences, en particulier pour les exploitations spécialisées et celles qui réalisent une part importante de leur chiffre d’affaires à l’export, explique le directeur Marché agricole.
Si le Crédit Agricole est « toujours présent dans les mauvais moments », ajoute-t-il, pour le moment « on est toujours dans une phase d’analyse de la réalité de la situation », et l'absence d'interlocuteur politique suspend une partie des actions qui pourraient être mises en oeuvre. « On a aussi une forte préoccupation par rapport aux filières animales sur le sujet sanitaire, là aussi il pourrait y avoir des besoins économiques importants », indique également Jean-Christophe Roubin.
Sur le volet transmission/installation, le Crédit agricole développe par ailleurs son offre d’accompagnement. Après la mise en place de prêts à taux zéro il y a six mois, la banque entend désormais développer le portage de capital en agriculture.