Le projet de Total « viendra réduire la part de biocarburants issus de colza et de tournesol produit sur le sol français », s'est alarmé auprès de l'Afp Arnaud Rousseau, vice-président de la Fédération française des producteurs d'oléagineux et de protéagineux (Fop). Le géant pétrolier « déplace le problème de la raffinerie de La Mède sur les agriculteurs français », a ajouté Arnaud Rousseau, lui-même exploitant agricole en Seine-et-Marne.
Total a officialisé jeudi matin l'arrêt fin 2016 du traitement de pétrole brut à La Mède, qui sera transformé en « bio-raffinerie de taille mondiale (500.000 tonnes par an) qui produira du biodiesel grâce au raffinage d'huiles usagées en priorité et d'huiles végétales en complément ». Selon le groupe, la récupération d'huiles usagées pourra représenter rapidement un tiers de l'approvisionnement du site, tandis que le reste sera acheté sur le marché, en France et à l'étranger.
Mais la Fop, organisation professionnelle affiliée à la Fnsea craint une majorité d'« huile de palme importée », avec des « conséquences désastreuses » pour les producteurs français de colza et la filière française du biodiesel, selon un communiqué.
L'inquiétude, c'est « que le biodiesel que va faire Total à partir d'huile de palme importée, à des coûts qui ne sont évidemment pas les mêmes que l'huile de colza, vienne nous sortir du marché », explique Arnaud Rousseau. Selon lui, la récupération d'huiles usagées en France ne représente un potentiel que de 10.000 à 20.000 tonnes par an, loin des 650.000 tonnes nécessaires à la production totale visée pour La Mède.
Les filières « représentent près de 20.000 emplois répartis sur tout le territoire, contribuent à hauteur de deux milliards d'euros au Pib national et permettent une économie d'importations de diesel et de tourteaux pour l'alimentation animale de l'ordre d'1,5 milliard d'euros », a rappelé la Fop, citant une étude du cabinet Pwc.
Total assure lui que son projet n'aura « pas d'impact sur l'agriculture française » dans la mesure où sa production à La Mède « est à peu près du même ordre que la quantité de biodiesel d'ores et déjà importée en France », selon Philippe Sauquet, patron de la branche raffinage/chimie.