Avec le réchauffement climatique, la ressource en eau potable a diminué de 14 % ces dernières décennies en France. Pour un degré supplémentaire, on stocke 7 % d’humidité en plus dans l’air, ce qui augmente également l’évapotranspiration. Dans les Cévennes, l’intensité moyenne des précipitations a ainsi progressé de + 22 % en 50 ans. Le tout, avec des conséquences connues sur l’agriculture : baisse des rendements, pluies intenses, augmentation du nombre de sécheresses…
La crise de l’eau n’est pas une crise ordinaire : elle ne concerne pas seulement la quantité disponible mais également la qualité et le partage.
— Thierry Beaudet (@ThierryBeaudet) April 11, 2023
Dans son avis, @lecese formule des préconisations pour une gestion durable de l’eau. @PascalGuiheneuf Serge Le Quéau https://t.co/5w4460IlTR
Dans l’Hexagone, le climat méditerranéen, plus sec, va remonter vers le nord, mais l’évolution du climat sur le reste du pays reste aujourd’hui une inconnue. On va vers des étés très longs et des hivers très courts, expliquent ainsi Serge Le Quéau et Pascal Guihéneuf, rapporteurs de l’avis du Cese, "Comment favoriser une gestion durable de l’eau en France face au changement climatique", adopté le 11 avril.
Revoir la présentation de l'avis en plénière du Cese, le 11 avril :
Assurer les connaissances et la qualité
La première préconisation du Cese, face à l’accélération du changement climatique, est donc de renforcer les moyens en recherche et développement. Il s’agit de « mieux connaître la climatologie, la météorologie, les prévisions saisonnières », expliquent les rapporteurs, afin d’anticiper les crises. Des moyens doivent également être mis pour accompagner la transition agroécologique et encourager des usages industriels, domestiques, agricoles plus vertueux afin de limiter la présence de substances polluantes dans l’eau. Pour y parvenir, il sera nécessaire de mobiliser des financements pour « mettre en œuvre des alternatives existantes ou à créer », et s’appuyer notamment sur les travaux de l’Inrae pour une agriculture européenne sans pesticides d’ici 2050, estiment les rapporteurs. L’avis propose également de mettre en place une irrigation économe adaptée à chaque territoire, pour prioriser l’alimentation saine et durable.
Favoriser la réutilisation des eaux usées
Aujourd’hui, la réutilisation des eaux usées en France représente entre 7 et 10 millions de mètres cubes, rappellent les rapporteurs. Or, le potentiel est estimé à près de 120 millions. Pour développer cette utilisation, le Cese préconise de faire évoluer la législation pour favoriser une plus large utilisation de eaux non conventionnelles, hors habitat et structures d’accueil collectif, pour le nettoyage de la voirie, l’arrosage des jardins publics ou l’extinction des incendies, ainsi que de définir avec les acteurs agricoles, le nouveau cadre réglementaire applicable à la REUT en agriculture.
Enfin, pour un partage équilibré de la ressource, il préconise l’élaboration d’un Schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) dans les territoires non encore pourvus et que ceux-ci intègrent des objectifs de réduction des prélèvements, et appelle également à rendre effective rapidement la mise en place généralisée de projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) en favorisant la participation en leur sein.