« Actuellement 27 % des surfaces dédiées à la production de semences sont soumises à un risque climatique fort. En 2050, ce sera 60 % », explique Franck Prunus, directeur des services à la filière chez Semae. Il présentait, à l’occasion du Salon de l’agriculture, l’étude menée par l’interprofession des semences et plants en partenariat avec Axa Climate, sur l’impact du changement climatique sur les semences de céréales et de légumes d’ici à 2030 et 2050.
La France est actuellement le premier exportateur mondial de semences avec ses 380 000 ha dédiés à cette production. « D’ici à 2050, 10 % de cette surface sera soumise à un risque extrême et les multiplicateurs de semences devront trouver d’autres espèces à cultiver », poursuit Franck Prunus.
Risque numéro 1 : le manque d'eau
Plusieurs risques ont été identifiés dans l’étude. D’ici à 2030, « le manque d’eau est et restera le risque n°1 pour les cultures qui en ont le plus besoin en été, devant l’augmentation des températures qui se hissera en 2e position, et le gel en 3e position ».
Le premier risque, la disponibilité en eau représente 54 % de la part de risque. En 2030, la pluviométrie devrait s’intensifier durant l’hiver et fortement diminuer l’été : « dans le Sud-Ouest et en Bretagne, les précipitations pourraient chuter entre mai et août de respectivement - 70 mm et 80 mm ». Côté températures, elles devraient augmenter de + 1,1 °C d’ici 2030 avec de fortes disparités selon les territoires et les moments de l’année, le thermomètre pouvant grimper de + 1,6 °C l’été.
Au final, tous aléas climatiques confondus, d’ici 2030, l’augmentation moyenne du niveau de risque pour les productions de semences serait de l’ordre de 13 % en France, et atteindrait + 19 % d’ici 2050.
Seule l'orge de printemps tire son épingle du jeu
Les conditions de production des semences vont donc se détériorer pour une grande majorité des cultures indique l’étude Semae-Axa Climate. Exception faite de l’orge de printemps, semée à l’automne, dont les projections sont plutôt optimistes.
C’est le sud de la France qui sera particulièrement touché du fait de la hausse des températures et du risque sécheresse au printemps et en été.
« Dans ce contexte, sans ajustement des pratiques agricoles ni des caractéristiques des variétés cultivées, la souveraineté française en production de certaines semences deviendrait plus difficile à assurer. Pour toutes les cultures, des stratégies d’adaptation spécifiques devront être prises : choix de variétés plus résilientes, décalage des dates de semis, amélioration de la qualité des sols, optimisation de l’irrigation… », conclut l’étude.
« Quand on crée une variété, on sait qu’elle arrivera dans les champs 10 à 15 ans plus tard. Il nous faut donc anticiper les évolutions du climat pour orienter notre sélection variétale », souligne Franck Prunus. Aujourd’hui 60 départements couvrent 95 % de la production de semences en France, cette répartition est amenée à changer avec de nouveaux départements qui pourraient alors devenir producteurs.