Industriels et distributeurs ont « écrasé » leurs marges en 2022

Les industriels et les enseignes de supermarché n'ont pas répercuté auprès de leurs clients l'intégralité de l'inflation qu'ils ont eux-même subie, selon l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires.
Les industriels et les enseignes de supermarché n'ont pas répercuté auprès de leurs clients l'intégralité de l'inflation qu'ils ont eux-même subie, selon l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires. (©Kevin Phillips de Pixabay)

Le rapport au parlement pour l’année 2022 porte sur 34 produits et 11 filières alimentaires, soit à peu près la moitié de la consommation alimentaire des Français L’analyse de l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires (OFPM) fait ressortir une nette augmentation des prix des produits agricoles notamment liée à des tensions sur les marchés mondiaux, une hausse assez forte des intrants et des engrais, en rapport avec la flambée des prix du gaz. En conséquence, la part agricole dans le prix au consommateur passe en 2022 de 42 à 50 %.

« Nous avons connu en 2022 une année totalement exceptionnelle avec une hausse très forte des prix agricoles à la production de l’ordre de 20 % qui s’amortit puisque qu’en moyenne les prix alimentaires à la consommation n’ont augmenté que de 7,4 % » révèle le spécialiste des marchés.

Selon une note de conjoncture de l'Insee, publiée le 15 juin, les prix auxquels les agriculteurs vendent leur production (hors fruits et légumes) se sont accrus de 23 % en 2022 sur un an. En parallèle, les prix de vente des industriels et ceux des distributeurs ont augmenté dans une moindre mesure, respectivement de 16 et 7 % (hors produits frais).

L’écrasement des marges des industriels et de la distribution

Les industriels et les enseignes de supermarché n'ont pas répercuté auprès de leurs clients l'intégralité de l'inflation qu'ils ont eux-mêmes subie et ont donc « écrasé » leurs marges pendant cette période.

L'observatoire analyse les prix de vente à la sortie des fermes, des usines de l'agroalimentaire et des supermarchés. Et se penche plus particulièrement sur les produits « basiques », peu transformés (pain, steak haché, beurre, nouilles...).

Ce sont, explique M. Chalmin, « des produits symboles sur lesquels la concurrence a joué de manière très forte, chacun se regardant » pour ne pas proposer un prix qui ferait se précipiter le consommateur vers l'enseigne d'à côté.

Concernant le steak haché par exemple, Philippe Chalmin observe que le prix a augmenté d'environ 11 % « seulement » pour le consommateur, alors le coût de la vache à l'entrée de l'abattoir a bondi de quasiment 33 %.

L'écrasement des marges ne semble toutefois pas généralisé. Les modélisations de l'Insee suggèrent en effet « une reconstitution marquée des marges » des industries agroalimentaires à partir du deuxième trimestre 2022, alors que 2021 avait été marquée par une « compression » de ces marges. Le taux de marge de la branche s'est ainsi « nettement redressé au fil de l'année 2022 ».

Pas d'« amélioration extraordinaire » pour les agriculteurs

La question des marges des entreprises est devenue centrale ces derniers mois, tant pour les consommateurs, dont le pouvoir d'achat a considérablement rétréci avec l'inflation, que pour le ministère de l'économie, qui a appelé à plusieurs reprises à faire toute la lumière sur les profits des différents acteurs de la chaîne alimentaire.

Ce qui a « surpris » Philippe Chalmin, c'est que la forte augmentation de leurs prix de vente n'a pas entraîné d'« amélioration extraordinaire » pour les agriculteurs, dont certains ne couvrent toujours pas leurs coûts de production, en particulier les éleveurs de bovins pour la viande.

Depuis la création de l'observatoire en 2010, ces derniers « n'ont jamais couvert la réalité de leurs coûts de production », à l'inverse des céréaliers, des producteurs de porc ou de lait pour qui « il y a des bonnes et des mauvaises années ».

Présent lors du passage de témoin entre Philippe Chalmin et la professeure en agriculture comparée, Sophie Devienne à la présidence de l’OFPM, Marc Fesneau a défendu la « gouvernance équilibrée et neutre » de l’institution et sa légitimité fondée sur des « chiffres construits », afin d’assurer la confiance entre les opérateurs dans une période particulièrement instable.

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