Le président du comité stratégique de l'enseigne E.Leclerc a demandé au ministre de l'économie Bruno Le Maire de « changer momentanément la loi, qu'on puisse légalement aller exiger des fournisseurs les répercussions des marchés de gros » qui connaissent actuellement un ralentissement de la hausse des prix.
« Tant que le politique ne fait que du discours mais ne change pas la loi, les industriels ne sont pas obligés de répercuter ces baisses », a-t-il ajouté, déplorant qu'« en France, légalement, on n'a le droit de discuter qu'une seule fois par an » des prix entre fournisseurs et distributeurs.
Sur fond de baisse des cours des matières premières, le gouvernement a demandé au printemps aux 75 plus gros industriels du secteur de baisser leurs prix et considérait à la mi-juillet qu'une partie de l'effort avait été fourni.
Alors que l'inflation alimentaire a été mesurée à 13,6 % sur un an en juin par l'Insee les baisses des prix et promotions observées chez 39 industriels demeurent sans commune mesure avec les hausses qui les ont précédées.
« Il n'y aura pas de baisse de prix massive. Plus exactement, il y aura des promotions (...) pour écouler les invendus des grandes marques qui avaient trop augmenté » leurs prix, résume M. Leclerc, mais ce sont « nous (les enseignes de distribution, ndlr), qui allons prendre sur nos marges ». « Les prix vont augmenter moins vite » mais les accords conclus « ne nous donnent pas les moyens d'aller chercher des baisses de prix » significatives, selon lui. « On ne retrouvera pas les prix d'avant-crise », a indiqué mercredi sur RTL Michel Biero, le directeur exécutif achat et marketing de Lidl France. Le gouvernement a « essayé d'inciter les multinationales à revenir autour de la table des négociations (...), il ne se passe rien », a-t-il constaté.
Les industriels « ne mettent pas la main à la poche pour aider la déflation », même s'il ne faut pas tous « les mettre dans le même panier », a déploré M. Biero, pointant du doigt l'« opacité » des industriels.
Réagissant aux menaces de « "name and shame" » évoquée par le gouvernement pour « nommer et faire honte » aux industriels récalcitrants, M. Biero a jugé qu'« en tous cas, il faut expliquer pourquoi ils ne viennent pas à la table » des négociations.