Coopération agricole
« L‘industrie agroalimentaire est aujourd’hui l’angle mort des politiques »

Dominique Chargé, président de la Coopération agricole, lors d'une conférence de presse le 13 décembre 2022. (©Terre-net Média)
Dominique Chargé, président de la Coopération agricole, lors d'une conférence de presse le 13 décembre 2022. (©Terre-net Média)

 

Le congrès de la Coopération agricole, qui se tient le 14 décembre, est consacré au thème de la souveraineté alimentaire, et au rôle de l’industrie agroalimentaire du futur dans l’atteinte de cette souveraineté « aujourd’hui menacée », pour le président de la Coopération, Dominique Chargé. Avec une balance commerciale en chute libre, une baisse des marges des industries agroalimentaires, l’augmentation exponentielle des coûts de l’énergie et l’incapacité du secteur à répercuter ces hausses, une robotisation en retard, et un manque de personnel, le constat semble en effet sévère.

« L‘industrie agroalimentaire est aujourd’hui l’angle mort de la politique des pouvoirs publics » regrette Dominique Chargé, alors que la production a été prise en compte à travers les lois Egalim, et que la consommation est une préoccupation permanente à travers le prisme du pouvoir d’achat, explique-t-il. Or, le maillon intermédiaire a vu ses marges réduire de 16 %. « Nous avons un vrai sujet de compétitivité », ajoute-t-il.

Soutenir l’industrie du futur

Pour y remédier et construire « l’industrie du futur », la Coopération agricole propose une stratégie en quatre axes. Le premier, décarboner, nécessiterait d’investir 9 milliards d’euros sur cinq ans, notamment pour répondre aux objectifs de zéro émission nette en 2035. Il faut également moderniser un secteur qui compte moins de 200 robots pour 10 000 salariés, quand l’Allemagne en compte le double.

Par ailleurs, un travail important est à mener pour attirer les salariés (environ 40 000 postes restent à pourvoir tous les ans, et les compétences recherchées sont difficiles à trouver), ce qui doit aussi passer par l’attractivité globale du milieu rural en matière de services, de logement, etc. L’ancrage des entreprises dans les territoires, quatrième axe, constitue en effet un autre levier pour renforcer le maillon industriel, passant également par une reconnexion avec les citoyens et l’amélioration d’une image aujourd’hui dégradée.

Une image dégradée à reconstruire

Car d’après une étude réalisée par l’Ifop pour la Coopération agricole, seuls 46 % des Français ont une bonne image de l’industrie agroalimentaire, contre par exemple 80 % d’opinions positives vis-à-vis du secteur du tourisme, en tête du classement. Le secteur agricole fait également partie des secteurs les plus appréciés avec 76 % des Français qui en ont une bonne image. Néanmoins, les termes négatifs (pollution, scandale, …) associés aux industries agroalimentaires sont beaucoup moins représentés que les termes positifs (agriculture, agricole, transformation des produits…) lorsqu’on demande aux Français ce à quoi ils associent spontanément ce secteur. Lorsque des thèmes sont suggérés aux répondants, « deux dimensions se dégagent », explique Frédéric Dabi, directeur du pôle Opinion de l’Ifop : familiarité et proximité, et la contribution à l’économie grâce aux emplois que cela génère. « Deux dimensions qui correspondent à des attentes fortes des Français, mais qui n’émergent pas de façon spontanée », constate Frédéric Dabi.

D’où l’importance de mieux communiquer auprès des Français et des pouvoirs publics sur le rôle et l’importance des industries agroalimentaires, ancrées sur les territoires, alors que le mot « délocalisation » génère une connotation négative pour 79 % des répondants. « Usine » et « site industriel » drainent également une image négative, mais beaucoup moins repoussoir, avec respectivement 52 et 51 % d’opinions négatives. 54 % des Français interrogés verraient d’ailleurs positivement l’installation d’une usine agroalimentaire dans leur ville, mais seulement 34 % l’accepteraient dans leur quartier. Parmi les raisons de l’acceptation, Frédéric Dabi évoque notamment la dimension emploi. Les craintes de pollution, de nuisance sonore et de dégradation des paysages font quant à eux partie des motifs de refus, mais les résultats varient en fonction des classes d’âge et du niveau social et donc, plus généralement, en fonction de la connaissance ou de la méconnaissance du secteur par les personnes interrogées, rendant la communication d’autant plus nécessaire.

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