Si les mobilisations ont révélé le sentiment d’un manque de reconnaissance de la part des agriculteurs, en matière de revenu et de considération, elles mettent aussi en évidence un problème de compétitivité de l’agriculture française, estime Dominique Chargé, président de la Coopération agricole. Pour alimenter le débat et répondre au chef de l’État qui a demandé à la profession de proposer des solutions concrètes face à la crise, les coopératives ont réuni 50 mesures dans un document pour « moins de complexité, plus de compétitivité ».
Des mesures pour les agriculteurs
Plusieurs de ces mesures concernent le revenu des agriculteurs, qui passera notamment par une meilleure organisation des filières, a expliqué le président de la Coopération agricole, le 26 février. Il propose notamment de passer à « une logique de flux tirés » en identifiant les différents marchés et revenir sur une mauvaise interprétation de l’injonction de montée en gamme : « il faut être en capacité de produire les aliments pour tous les consommateurs, et pour tous les moments de consommation », ajoute-t-il. Ainsi, le poulet que l’on consomme au déjeuner du dimanche n’est pas le même que celui que l’on avale dans un sandwich à la gare, les deux marchés méritant d’avoir des produits adaptés.
La Coopération agricole demande également la mise en place d’un conseil global à l’agriculteur afin de favoriser les démarches de transition. Pour cela, l’organisation demande l’abrogation de la séparation entre la vente et le conseil de produits phytopharmaceutiques, ainsi que la mise en place d’un fonds pour la transition agroécologique.
Elle défend également des mesures pour favoriser l’installation et la modernisation (simplification des dossiers ICPE, suppression des nouveaux seuils IED, raccourcir les délais de recours…) et une plus grande sécurisation de la ressource en eau.
Soutenir les coopératives prises « en étau »
Pour les coopératives, prises en étau « entre la nécessité de mieux rémunérer les producteurs, pour laquelle tout le monde est d’accord, et les injonctions liées au prix de l’alimentation », explique Dominique Chargé, des mesures sont également nécessaires.
Il s’agit par exemple d’agir sur le coût du travail, en élargissant le TO-DE (dispositif d’exonérations de charges pour les travailleurs saisonniers) aux Cuma et aux coopératives agricoles, d’autant que la France est « le cinquième pays européen où le coût horaire est le plus élevé ».
Par ailleurs, les coopératives demandent également la concrétisation du fonds de 500 M€ pour les industries agro-alimentaires, annoncé l’année dernière au salon de l’agriculture, et qui pourrait permettre une modernisation des outils de production.
Des mesures pour favoriser l’alimentation française
Face aux importations qui fragilisent les filières françaises, la coopération agricole évoque également plusieurs pistes d’action, comme l’amélioration de l’affichage de l’origine dans la restauration hors domicile, mais également l’interdiction de la publicité comparative sur les prix, un dispositif « destructeur de valeur, qui entraîne le consommateur à percevoir son alimentation comme le levier privilégié de l’ajustement de son budget », fustige Dominique Chargé.
La Coopération agricole demande également la création d’un observatoire des marques de distributeurs, pour une meilleure visibilité de l’origine de la matière première agricole dans ces produits. Une proposition formulée suite aux fortes menaces puis aux déréférencements subis l’année passée, au profit de « produits qui ne sont pas français et ne répondent pas à nos standards de production », déplore le président de la Coopération agricole.
