La bière blanche est fabriquée soit à partir de malt de blé, soit à partir de malt d’orge avec ajout de grains de blé cru. Sa part en comparaison du malt d'orge ne représente cependant qu’une goutte « d’eau » dans l’océan de la bière blonde : « La production totale française de malt de blé représente 60.000 tonnes sur les 1,3 millions de tonnes de malt total produits en France », précise Claude Auroux, directeur commercial chez Malteurop, un des cinq gros brasseurs français. Sur ces 60.000 tonnes de malt de blé, qui ont nécessité environ 70.000 à 75.000 tonnes de blé français, seules 20.000 tonnes sont en moyenne utilisées en France et 40.000 tonnes sont exportées puis brassés par les gros brasseurs pour la fabrication de leurs bières blanches.
« Le marché de la bière blanche - ndlr : bière blanche à base de malt d’orge et de blé cru - ne connaît pas d’évolution notable en France, commente celui-ci. Seule l’Allemagne connaît une légère progression de la consommation des bières de blé –ndlr : bière blanche à base de malt de blé – La croissance y est de l’ordre de 3% par an, les autres marchés régressent de 2% à 3% par an ». Arnaud Roy, brasseur lui aussi mais à une plus petite échelle, a une autre vision du marché. Gérant d’une brasserie artisanale « les Bières de Ré », celui-ci produit des bières blanches à base de malt de blé, dont la teneur oscille entre 60% et 85%. Son positionnement – bière de dégustation plus orientée haut de gamme – lui permet de profiter d’un marché régional dynamique et en croissance : « Bien qu’elle ne représente encore qu’un « micro-marché » dans celui des ventes de bières globales françaises, la bière blanche rencontre un succès croissant. Depuis deux ans, la bière blanche devient à la mode, plaît de plus en plus, constate Arnaud Roy. Tout son approvisionnement en malt de blé se fait en France, auprès de Malteurop, leader sur ce créneau avec 50.000 tonnes de malt de blé produites chaque année en France et en Allemagne. Le "petit" brasseur s’approvisionne à l’étranger pour malt de blé bio uniquement , car il « souffre d’une véritable pénurie » en France.
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Limiter le risque fusariose
De son côté, Malteurop sélectionne son blé pour la fabrication de son malt en fonction du taux de protéines, mais pas seulement : « Les zones dans lesquelles nous achetons nos blés sont des zones naturellement faibles en taux de protéines, inférieurs à 11,5% », raconte Claude Auroux. « La tolérance à la fusariose est aussi un critère important, que l’on vérifie à partir des résultats des essais menés par Arvalis et les OS*, explique aussi Stéphane Lorier, responsable achats blé-orge chez Malteurop. La Champagne crayeuse est une bonne zone de production du fait de la nature des terres et qu’il n’y ait pas de précédent maïs, les risques y sont donc limités ».
Un faible taux de protéines
Outre des paramètres physico-chimiques, ce qui fait la qualité d’un bon malt c’est donc son taux de protéines et la qualité sanitaire avec un risque limité de fusarium. « La qualité des approvisionnements est la clé de la réussite, résume Claude Auroux. C’est ce qui fait la qualité des malt de blé français, en comparaison des malts allemands. 100% de nos approvisionnements se font chez nos coopératives adhérentes pour des raisons qualitatives, car elles imposent un certain nombre d’exigences. Des itinéraires culturaux spécifiques sont mis en place pour limiter au maximum le risque fusariose : programmes de fertilisation azotée, protection fongicide ».
Concernant les variétés préférées des malteurs ou des brasseurs, il n’y a pas de variétés « référentes » de blé tendre propres à la fabrication de « bon malt », mais un panel de variétés disponibles : « Il existe un certain nombre de variétés avec lesquelles nous avons l’habitude de travailler, mais qui sont plus liées aux variétés disponibles que proposent les OS », explique Stéphane Lorier. Pour offrir aux malteurs les meilleurs blés de brasserie, les OS peuvent fixer eux-mêmes des contrats de production avec leurs adhérents.