Les parcelles du Centre de la France particulièrement touchées

Avant tout alarmisme précipité, Arvalis-Institut du végétal précise qu’il faut évaluer l’état des cultures, et ne pas oublier que tout peut changer, dans un sens comme dans un autre, en l’espace de quelques jours. (© Terre-net Média)

Jean Charles Deswarte et David Gouache, en collaboration avec Philippe Gate, et les ingénieurs régionaux d’Arvalis-Institut du végétal ont fait le point sur la situation des céréales à paille au niveau régional suite à la vague de froid qui a traversé la France en février.

Remarque : dans les commentaires, les abréviations sont les suivantes : BTH = blé tendre d’hiver ; BD = blé dur ; OH = orge d’hiver ; OP = orge de printemps. Cliquer pour agrandir. (© Arvalis-Institut du végétal)

Les premières préoccupations concerneront les orges de printemps semées dès l’automne des zones Beauce, Berry, plus ponctuellement Île-de-France, Champagne et Poitou-Charentes. « Il est très probable que les cultures soient complètement détruites, notamment en l’absence de neige. » Ensuite, le blé dur, sensible au froid, peut être particulièrement source d’inquiétudes. « Néanmoins, il existe une variabilité génétique marquée, et certaines parcelles pourront avoir résisté alors que leurs voisines disparaîtront. Des variétés comme Karur ne présentent actuellement que peu ou pas de symptômes de gel alors que Sculptur subit des dommages beaucoup plus sévères. La variété Miradoux semble, quant à elle, ne pas avoir trop été trop touchée. » En Poitou-Charentes et dans le Sud-Ouest, notamment, la montaison avait démarré pour un certain nombre de parcelles. « Selon le niveau de froid, on n’observera que la disparition du maître-brin ou une destruction complète des plantes. » L’orge d’hiver aura sans doute atteint ses limites de résistance au froid dans certains secteurs, notamment les variétés sensibles au froid comme Esterel et Champie.

Les blés améliorants plus sensibles

Concernant les blés tendres, le risque sera plus élevé pour les blés améliorants, généralement alternatifs et peu résistants au froid (note souvent inférieure à 3). Les blés tendres plus « hiver » tiendront très certainement le choc malgré des dégâts foliaires ou de maîtres-brins détruits dans les situations anormalement précoces. Selon l’intensité du gel, la présence de neige, les espèces et variétés mises en place et le stade des cultures lors de l’arrivée du froid, les conséquences en cultures devraient afficher de fortes disparités régionales. « Les deux cartes ci-dessus résument les premières remontées des équipes régionales d’Arvalis, appelées à être affinées dans les jours à venir. »

Risques climatiques à court terme

D’ailleurs, les conditions actuelles sont plutôt favorables à une limitation des dégâts : « pas d’alternance gel-dégel, pas de vent desséchant qui viendrait à faire perdre leur eau aux cultures, pas d’excès d’eau autre qu’issue de la fonte de la neige ». Par contre, il faudra surveiller avec attention les conditions du début de semaine prochaine, alors que de petites gelées sont à nouveau annoncées. 

Seuil de tolérance des variétés : les précédentes campagnes avec du gel ont permis d’établir une relation entre la note Geves de résistance au gel et les dégâts observés en plaine. La figure ci-dessus, élaborée pour le blé tendre fait le lien entre la note et le seuil de température où des dégâts significatifs sont observés sur la plante. Cette relation correspond à des plantes endurcies, c'est-à-dire qui se sont retrouvées progressivement sous températures négatives, scénario assez représentatif de 2012 (environ 5 jours d’abaissement progressif). Cet abaque peut être utilisé pour les plantes en cours de tallage. Par exemple, si la note est de 3, le seuil de température à partir duquel les dégâts sont significatifs est de - 16°C. (© Arvalis-Institut du végétal)   Rôle protecteur de la neige  : les abaques ci-dessus illustrent la correspondance entre la température de l’air et celle de la plante en fonction de 3 classes de hauteur de neige : 5, 10 et 15 cm (d’après des travaux canadiens). Par exemple, quand la météorologie indique - 10°C, la température sous la neige est de - 5°C avec 5 cm de neige. (© Arvalis-Institut du végétal)