« Le stock mondial de céréales n’est pas sur terre, il est sur mer ! »

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(article modifié le 19 juillet) Avec « un commerce mondial des matières premières qui circule à plus de 80 % par la mer », la sécurité alimentaire est très maritime, considère le chercheur Sébastien Abis, spécialiste des questions géopolitiques appliquées à l’agriculture.

« On estime que dans les périodes fortes de commerce, entre 35 et 50 Mt de céréales circulent sur l’océan. Donc le stock mondial de céréales, pour beaucoup de pays dans le monde, c’est le bateau qui arrive ! », explique-t-il.

Si bien qu’un bateau bloqué, ou retardé, ou enchéri par des prix assurantiels ou militaires qui grimpent « ne facilitera pas une désinflation de prix ou une meilleure sécurité d’approvisionnements pour certains pays importateurs ».

L’impact du blocage des ports ukrainiens de la mer Noire sur les échanges mondiaux de grains, au moment de l’invasion russe de début 2022, illustre cette dimension maritime de la sécurité alimentaire. De même, les effets d’El Niño sur le canal de Panama : « le tirant d’eau a diminué et depuis six mois, deux fois moins de bateaux transitent par le canal que d’ordinaire ».

Plus récemment, on peut citer les tensions en mer Rouge : depuis mi-novembre, les rebelles houthis, soutenus par l’Iran, mènent des attaques contre les navires liés à Israël et transitant entre le Yémen et Djibouti, en réponse aux bombardements dans la bande de Gaza.

« Ces milices ont commencé à cibler des bateaux qui faisaient escale en Israël ou qui comportaient des intérêts économiques pour Israël grâce au site d’informations MarineTraffic, où vous pouvez suivre tous les bateaux dans le monde, connaître les pavillons, les escales, les produits, parce que c’est une règle », poursuit Sébastien Abis.

Ces attaques ciblées entrent dans un cadre plus global : « on est en pleine géopolitique parce qu’il y a la guerre au Yémen, ce conflit auquel on ne s’est jamais intéressé vu d’Europe » mais qui se trouve aujourd’hui sur le devant de la scène car il pénalise le commerce maritime mondial, notamment agricole, et peut influencer les prix des céréales.

Les assauts houthis ont conduit à une réplique occidentale, avec notamment des frappes étasuniennes et britanniques et la mise en place d’une mission de défense européenne.

De fait, la zone est stratégique : 15 % du commerce maritime mondial, 20 % du commerce céréalier mondial et un tiers du blé européen exporté dans le monde transitent par la mer Rouge, en faisant « un passage maritime clé pour les liens entre l’Asie, l’Afrique de l’Est, les pays du Moyen-Orient et l’Europe ».

Le chercheur pointe par ailleurs les conséquences de cette situation sur l’Égypte, importateur majeur de blé, « qui voit ses revenus publics baisser drastiquement » car le canal de Suez est la deuxième source de recettes de l’État » : la capacité du pays d’acheter du blé s'est réduite et fin mai, il a décidé de quadrupler le prix du pain subventionné.

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