« Aujourd'hui, les questions posées par la situation de l'agriculture française - une extrême fragilité pour 10 % des éleveurs - imposent des révisions déchirantes », écrit François Ernenwein dans la Croix. « Face à cette grave déprime, c'est l'organisation purement productiviste de toutes les filières qu'il faudra bien sûr repenser. La politique agricole commune, à coups de milliards d'euros, a encouragé le développement d'une agriculture endettée avec l'appui des banques et des pouvoirs publics », souligne-t-il. « La course aux prix les plus bas a eu des effets catastrophiques sur la situation des producteurs, sur l'organisation des filières, sur la qualité de notre alimentation, sur la santé publique », explique l'éditorialiste du journal catholique. « L'avenir de l'agriculture française , inscrite dans un marché mondialisé, repose à l'évidence sur l'exigence de qualité, les avantages tirés des filières courtes. » Pour sortir de l'impasse, il appartient donc aux consommateurs de « refuser les menus imposés » et de « choisir » ce qu'ils veulent manger, conclut-il.
Il aura fallu « la menace d'une nouvelle jacquerie pour que François Hollande demande samedi à la grande distribution de "meilleurs prix", pour rémunérer l'élevage français », observe Frédérique Roussel dans Libération. « Il y aura sans doute un plan d'urgence : facilités de trésorerie, avance par rapport à la Pac, aides au désendettement... Mais comme à l'accoutumée, l'Etat aura attendu que la maison brûle », déplore-t-elle.
« La France a régulièrement mal à son agriculture », résume Patrice Chabanet (Le Journal de la Haute-Marne). Mais les responsabilités qui ont conduit « à ce véritable désastre social » sont « collectives », analyse-t-il. « Depuis des décennies, et sous tous les gouvernements, un modèle économique aberrant s'est mis en place, associant les pouvoirs publics et les syndicats agricoles. La France, réputée pour son bien-vivre, s'est lancée dans des productions animales à bas coûts. » C'est donc aujourd'hui « toute une manière de penser l'agriculture française qu'il faut revoir », avertit l'éditorialiste. Or les mesures qui seront annoncées par le gouvernement risquent fort, comme à l'accoutumée, de tenir« plus de la comptabilité à court terme, pour calmer la douleur dans les campagnes », prévient-il. « Elles ne guériront pas le malade ».