« La formation continue m'aide au quotidien sur l'exploitation »

Delphine Cuvillier agricultrice et Célia Valax conjointe collaboratrice
Delphine Cuvillier, agricultrice (à gauche) et Célia Valax, conjointe collaboratrice (à droite), nous disent pourquoi la formation continue est essentielle. (©Valérie Quéméner, photo de gauche ; Célia Valax, photo de droite // Montage Terre-net Média)

Chaque année depuis qu'elle s'est installée, en 2021, avec son conjoint sur son exploitation familiale en Saône-et-Loire, Delphine Cuvillier se forme sur différents aspects de son métier d'agricultrice : circuits courts, valorisation des produits fermiers, ressources humaines, réglementation concernant les salariés, la Pac, l'atelier de transformation... « J'en ressens plus le besoin qu'au niveau technique, confie-t-elle. Ça bouge tellement vite, difficile de tout maîtriser ! On ne se pose pas toujours les bonnes questions. Se faire accompagner par du conseil et de la formation permet de rester performant et de rebondir si besoin, grâce aux nouvelles connaissances acquises mais aussi à la réassurance et sécurisation de ce qu’on sait déjà. » 

Célia Valax, elle, est conjointe collaboratrice dans le Calvados, sur la ferme où son conjoint s'est installé en 2021 également. En ligne de mire : son installation à plus ou moins long terme. Elle aussi consulte souvent les catalogues de formation et se forme régulièrement, même si ce n'est pas forcément tous les ans mais plutôt « selon les opportunités ». « Il est important d'actualiser et renouveler ses connaissances et savoir-faire, d'être à jour au niveau technique, économique, etc. car les pratiques évoluent constamment », estime-t-elle, avant d'enchaîner : « On aurait beau se former tout le temps, on apprendrait toujours de nouvelles choses. »

Sécuriser ce qu'on sait déjà.

Sur les circuits courts, la formation continue en agriculture apporte à Delphine des idées pour enrichir son projet et des méthodes de chiffrage. Avec huit salariés permanents sur la structure et une vingtaine au total en comptant les saisonniers pour préparer les fêtes de fin d'année, elle a découvert le rôle d’employeur : les offres d’emploi, fiches de paye, etc. et toute la législation qui va avec, complexe et évoluant constamment. « Il faut respecter la loi, être dans les clous, sûr de ce qu'on fait. Pas facile de tout connaître, d'être au fait des dernières évolutions et obligations, si l'on ne se forme pas régulièrement », pointe l'agricultrice.

« Je suis plus vigilante sur certaines choses »

En matière de recrutement, elle a appris à rédiger les offres d'emploi, un préalable essentiel pour bien cibler les candidats. « J'ai pris conscience qu'il faut être clair dans ses attentes et ses exigences, mieux les structurer, témoigne-t-elle. Depuis, nous recrutons des gens correspondant davantage à ce que nous recherchons. » Elle et son conjoint consacrent aussi plus de temps à l'accueil de leurs employés le jour de leur arrivée, puis à leur intégration au sein de l'équipe auprès de chaque membre qui la compose. L'objectif : « qu'ils se sentent bien et aient envie de rester », de même que ceux déjà en place. 

« J'ai été sensibilisée en formation à l'importance de fidéliser la main-d'œuvre et aux moyens d'y parvenir », poursuit Delphine Cuvillier. Sur la ferme, les nouveaux passent sur tous les postes en binôme. « Il ne faut pas les lâcher seuls tout de suite, sans aucun accompagnement. Ils doivent être à l'aise car on leur demandera ensuite d'être autonomes, explique-t-elle. Il faut être présent, effectuer des débriefs réguliers sur ce qui va et sur ce qui doit être amélioré. » L'exploitante a, en outre, suivi une formation sur le management des conflits et le recadrage, qui l'incite désormais à avoir une approche personnalisée afin de s'adapter à chaque employé. « Me former m'encourage à être plus vigilante sur tous ces points », résume-t-elle.

Célia Valax embauche également pas mal de main-d'œuvre pour les travaux saisonniers. Alors elle a suivi deux formations sur la communication, la deuxième avec son mari, pour « mieux comprendre les besoins et ressentis de ses collaborateurs, interpréter leurs propos et attitudes, et échanger avec eux en désamorçant les tensions » que les tâches, pour beaucoup manuelles, et l'amplitude horaire peuvent favoriser. Désormais, elle prend davantage le temps d'écouter ses salariés et de reformuler leurs attentes, demandes, craintes... « Cela nous aide beaucoup au quotidien », constate-t-elle. Résultat : « Le dialogue est apaisé et ça se passe beaucoup mieux. Nous avons retrouvé de la sérénité dans le travail au sein l'équipe », souligne la jeune femme.

« La souplesse du distanciel »

L'une de ses dernières sessions, sur le recrutement et la fidélisationdes salariés, Delphine l'a effectuée via la plateforme d'e-learning Agrilearn, qu'elle a connue lorsqu'elle était conseillère Vivéa en région avant son installation agricole. « Je voulais quelque chose à la carte, pouvoir prendre mon temps et choisir les moments où j'allais me former, sans bloquer des journées entières ni parcourir des kilomètres », indique-t-elle. L'avantage du digital est de s'organiser comme on souhaite et d'avancer à sa vitesse. « Je me connecte quand je suis disponible pour ça et je visionne autant de fois que nécessaire, détaille Delphine. J'ai ainsi pu me former, au fur et à mesure, en parallèle des embauches réalisées sur l'exploitation. »

Elle apprécie également la facilité d'utilisation et le suivi apporté derrière. « On n'est pas isolé à la maison, il y a des exercices de mise en application, des cas concrets, pour vérifier que tout a été assimilé et notre niveau d'avancement. On voit où on en est et ce qu'il nous reste à faire. » L'agricultrice prône néanmoins un mix entre présentiel, pour les échanges avec des collègues ayant les mêmes questionnements ou des entrepreneurs d'autres secteurs comme elle en a eu l'occasion plusieurs fois, et distanciel pour plus de souplesse, les emplois du temps des agriculteurs étant chargés et dépendant d'aléas extérieurs, météorologiques en particulier.

« Une préparation à distance en amont peut permettre d'optimiser les sessions en salle, tant en termes de temps que de contenu, et d'être plus pertinents sur les questions que l'on posera en direct à l'intervenant », fait-elle remarquer. L'exploitante cite également les formations flash d'une demi-journée, sur un thème précis, que Vivéa commence à mettre en place pour s'adapter aux contraintes des agriculteurs. « Sauter le pas de s'inscrire est alors plus simple », met-elle en avant insistant sur l'offre de formation continue diversifiée proposée en agriculture.

« Échanger entre agriculteurs, sortir de la ferme : une vraie coupure »

Quant à Célia, elle est attachée au présentiel pour « les échanges avec d'autres agriculteurs, sortir de l'exploitation et faire une vraie coupure ». « En ligne, ce n'est pas toujours facile de rester concentré quand on est habitué à travailler dehors. On est plus facilement distrait et il n'est pas toujours simple de prendre la parole pour poser une question ou partager son expérience. Tout le monde n'a pas non plus la même qualité de connexion ni de matériel », juge-t-elle. Pour elle, les modalités proposées (lieux, durée, date...) ne sont pas des contraintes.

De toute façon, il n'y aura jamais de période idéale,
ni de centre de formation à 5 min !

« Personne n'a de centre de formation à dix minutes de la ferme. Pas plus qu'il n'y a de période idéale, à part janvier-février à la limite. Je comprends que ce peut être un frein mais il y aura toujours quelqu'un qui a un gros chantier au moment où est prévue la formation, d'autant que les systèmes sont tous différents », fait-elle remarquer. Par ailleurs, beaucoup sont sur un ou deux jours seulement. Ce qui est plus contraignant en revanche : se faire remplacer sur l'exploitation malgré l'octroi d'heures de remplacement pour la formation.

La difficulté : se faire remplacer.

« Il faut réussir à trouver une personne de confiance, impliquée, qui ait la même vision du travail, pour pouvoir partir serein et ne pas se retrouver avec des problèmes à gérer au retour. On travaille avec du vivant ! ». Célia arrive à s'organiser avec son époux : « On se remplace mutuellement. » Si elle connaissait le dispositif de financement de la formation continue en agriculture, via Vivéa, par son second métier dans le conseil agricole, elle pense que de nombreux agriculteurs ne savent pas que, comme elle, ils bénéficient de 3 000 € par an pour se former. « C'est un vrai problème, il faudrait communiquer davantage. »

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