Alors qu’elles représentaient 42,8 % de la valeur de la production agricole entre 1980 et 1984, les productions animales n’en constituent, 40 ans plus tard, plus que 35,7 %, constate l’Insee dans une analyse sur le compte de l’agriculture depuis 1980, parue le 19 juin.
Les productions végétales ont, de leur côté, progressé de 36,0 % en volume et de 53,9 % en prix dans la même période, une hausse des prix essentiellement liée à la montée en gamme de la production viticole.
La place des céréales recule au profit des oléagineux
La demande en oléagineux a progressé, tirée par « la multiplicité des usages », indique l’Insee. Ainsi, la surface cultivée est passée de 505 milliers d’hectares au début des années 1980 à 2 194 milliers en 2020-2024, avec une production multipliée par trois : 3,9 millions de tonnes de colza en 2020-2024 contre 1,1 M en 1980-1984, 1,8 Mt de tournesol contre 0,6 Mt 40 ans plus tôt. Dans le même temps, la production de céréales a reculé de 7,5 %, passant de 9 628 milliers d’ha à 8 909 milliers aujourd’hui. Néanmoins, l’augmentation des rendements a permis une progression de 40,9 % des volumes.
Les prix des céréales ont progressé de 10,9 % entre 1980-1984 et 2020-2024 et en valeur, les céréales ne représentent plus que 14,3 % de la production agricole, contre 18,0 % quarante ans plus tôt, note l’Insee.
La production animale a de son côté baissé de 2,8 % entre les deux périodes, en raison du recul de l’élevage bovin : la production de gros bovins a diminué de 19,9 % en volume, avec un cheptel passé de 23,4 millions de têtes à 17, indique l’Insee. Le nombre de vaches laitières est passé de 7,1 millions à 3,3 millions mais la production n’a que peu diminué, à 23,3 millions de litres par an en 2020-2024, contre 24,6 millions quarante ans plus tôt.
Les productions de volailles, d’œufs et de porcins ont quant à elles augmenté, dans des proportions variables, tandis que celles d’ovins et caprins ont chuté de moitié.
Chute de l’emploi, recours au capital, productivité par actif
Depuis 1980, l’agriculture a perdu 1,3 million d’emplois en équivalent temps plein (ETP) pour atteindre 721 500 ETP en 2024. La baisse est encore plus forte pour l’emploi non salarié (75,6 %), ce qui s’explique en partie par la baisse des non-salariés familiaux. Ce n’est pas pour autant que l’emploi salarié progresse, puisqu’il diminue également de 8,9 %.
C’est en effet un recours croissant au capital qui a permis l’augmentation de la production, souligne l’Insee. Le taux d’investissement est passé, entre les deux périodes, de 21,6 % à 30,4 %, et cet investissement est consacré en majorité à l’achat de machines agricoles (53,6 %).
En parallèle, ces évolutions « modifient la structure des consommations intermédiaires », souligne l’organisme de statistiques, mettant en avant la forte progression des services de travaux agricoles dont la part est passée de 6,0 % en 1980-1984 à 11,6 %.
Enfin, la part des subventions dans le chiffre d’affaires de l’agriculture est passé de 4,0 % en 1980-1984, « période où le soutien à l’agriculture s’effectuait essentiellement au moyen de prix garantis », à 10,2 % en 2020-2024, au gré des différentes réformes de la Pac.
Dans le même temps, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs (VABCF) par actif, qui correspond à la valeur ajoutée brute à laquelle on ajoute les subventions, moins les impôts sur la production, a fortement progressé sur la période, atteingnant 60 600 € en 2020-2024.