Les candidats invités à « ouvrir les champs du possible » pour l’agriculture

A Brest, sept des onze candidats à la Présidentielle ont exposé leur projet pour l'agriculture devant les agriculteurs et les représentants des organisations professionnelles agricoles. (©Terre-net Média)
A Brest, sept des onze candidats à la Présidentielle ont exposé leur projet pour l'agriculture devant les agriculteurs et les représentants des organisations professionnelles agricoles. (©Terre-net Média)

A Brest, sept des onze candidats à la Présidentielle exposent leur projet pour l'agriculture devant les agriculteurs et les représentants des organisations professionnelles agricoles.
A Brest, sept des onze candidats à la Présidentielle ont exposé leur projet pour l'agriculture devant les agriculteurs et les représentants des organisations professionnelles agricoles. (©Terre-net Média)

Tous les candidats à la Présidentielle étaient invités ce jeudi 30 mars 2017 par les membres du "Conseil de l'agriculture française", au lendemain du congrès de la FNSEA consacré à l'Europe, à venir exposer leur projet pour l'agriculture. Sept ont répondu présents et se sont soumis à une règle stricte d'équité de temps de parole. Dans l'ordre, François Asselineau, Emmanuel Macron, Nicolas Dupont-Aignan, Jean Lassalle, Marine Le Pen, Jacques Cheminade et François Fillon ont chacun disposé de 10 minutes pour exposer leur projet, puis 13 minutes pour répondre aux questions de la salle et aux représentants agricoles.

Avant leur intervention, les représentants du "Caf" ont détaillé les attentes de la profession agricole à l'égard du prochain président de la République, notamment sur l'Europe et la Pac, thème abordé la veille par la FNSEA, l'environnement, la fiscalité, l'innovation et, bien évidemment, le soutien à apporter aux agriculteurs pour sortir de la crise.

Qui des sept candidats a été le plus convaincant ? Le plus applaudi ? A l'inverse, qui a été le moins percutant ? Celui qui a suscité le plus de méfiance ?

François Asselineau plutôt persuasif, Jean Lassalle théâtral

Au delà des idées défendues et des convictions, deux interventions sont globalement sorties du lot. La première d'abord, celle de François Asselineau qui, en candidat revendiqué "du Frexit", devait réussir à convaincre juste après le rappel, par Christiane Lambert, que l'agriculture ne peut s'en sortir sans l'Europe.

Le président de l'UPR, parmi les eurosceptiques qui ont défilé - avec Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen - a montré qu'il connaissait bien ses dossiers, en particulier le droit européen, en citant de nombreux articles. « Je vous propose de mettre tout sur la table et de sortir de l'Union européenne grâce à l'article 50, de façon sereine et juridique. Depuis 10 ans, je défends cela », a-t-il martelé, tout en remerciant la profession de l'avoir invité et de respecter ainsi le « jeu démocratique ».

« Sortir de l'Union européenne ne veut pas dire devenir la Corée du Nord », a-t-il répondu à Christiane Lambert, qui lui demandait comment ne pas perdre, sans Union européenne, des marchés à l'export. « Nos partenaires auront toujours envie d'acheter nos vins, nos fromages, notre foie gras. » Avant de critiquer encore à sa manière le « machin » européen : « Si TF1 n'est pas capable de faire débattre 11 candidats à la Présidentielle, comment voulez-vous faire débattre 28 pays dans une institution européenne ? ». L'eurosceptique récoltant quelques applaudissements.

Mais la prestation la plus remarquée, car indéniablement la plus théâtrale, fut celle du député béarnais Jean Lassalle qui, en revendiquant ses racines agricoles, a attiré la sympathie de l'auditoire. Mais le programme du berger ayant parcouru les routes de France à pied manque sans nul doute de mesures bien précises. Une question affichée sur l'écran provoquera même quelques rires dans la salle. « Comment allez-vous faire pour être à l'heure si vous allez à Bruxelles à pied alors que tous les autres vont en avion ? » Hormis sur la question du loup, pour laquelle le député estime qu'il n'y a aucune cohabitation possible avec le pastoralisme, Jean Lassalle s'est davantage fait remarquer par ses intentions imprécises mais empreintes d'un sincère humanisme que par des mesures répondant concrètement aux préoccupations des agriculteurs.

Des eurosceptiques moins convaincants

A l'inverse de François Asselineau, les deux autres candidats eurosceptiques, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, avaient déjà eu l'occasion, il y a cinq ans à Montpellier, de s'exprimer devant la profession agricole. Leurs propos n'avaient donc pas l'attrait de la nouveauté. « Nous savions que la suppression des quotas laitiers serait une catastrophe. On savait que la directive sur les travailleurs détachés serait une catastrophe. » « Ils le savaient. Ils l'ont pourtant signée », a expliqué le maire de Yerres, avant de prévenir : « Votre choix est très simple : soit vous continuez à faire semblant en continuant à mendier des aides, soit vous reprenez votre destin en main. Soit on retrouve l'esprit initial de la Pac, soit on claque la porte comme le fait la Grande-Bretagne. » 

Marine Le Pen veut, quant à elle, « acter la fin de la récréation du libre-échange dérégulé ». « La Pac, c'est l'Europe, et l'Europe, c'est la paix », a rappelé Christiane Lambert à la candidate du Front National. « Mais non, l'Europe, c'est la guerre. La guerre des prix », a répondu la députée européenne. On nous explique qu'il va falloir se battre de toutes nos forces pour maintenir la Pac et la réformer. Je propose qu'on réserve toute cette énergie pour construire une Pac à l'échelle de notre pays. » La candidate a défendu une politique de soutien propre à chaque filière. « Chaque filière doit être libre de choisir la manière dont elle souhaite être soutenue. »

Macron, héritier du quinquennat ?

Deuxième candidat à monter à la tribune, Emmanuel Macron a, au contraire, approuvé les réflexions de la FNSEA sur l'Europe. « Vous me verrez toujours vous défendre, en Europe », a-t-il expliqué. Une Europe qui doit, selon lui, être « plus harmonisée, avec les mêmes règles et les mêmes systèmes de contrôles ». L'ancien ministre de l'économie semble reprendre à son compte une part significative du projet agricole défendu par François Hollande. « Il faudra toujours plusieurs agricultures : des circuits courts, de l'agro-écologie, une agriculture d'exportation, une agriculture de produits labellisés », a-t-il défendu, avant de suggérer une « simplification importante du droit du travail », le « développement de contrats de filières » et un « plan d'investissements de 5 milliards d'euros pour le secteur agricole ».

Progrès et innovation pour Cheminade et Fillon

A midi, il ne restait plus que deux candidats à auditionner. Jacques Cheminade, pour sa troisième participation à l'élection présidentielle, et son deuxième "oral agricole" devant les agriculteurs. Comme il l'avait déjà martelé, le fondateur du parti Solidarités et progrès veut « couper les aides des vautours financiers qui spéculent sur les productions agricoles », se posant en principal opposant au monde de la finance. « L'Europe est à refonder, avec une Pac plus protectrice. » Le candidat souhaite d'ailleurs créer un « troisième pilier » en faveur de l'innovation. Pour soutenir les agriculteurs, Jacques Cheminade entend « leur verser 10 milliards d'euros », soit l'équivalent d'une année d'aides Pac.

Dernier candidat à monter sur scène, François Fillon a, comme Emmanuel Macron, déroulé son programme pendant ses 10 minutes d'intervention. A ceci près que bon nombre de promesses du candidat de la Droite et du Centre reprennent les revendications du syndicalisme majoritaire. « Je veux redonner la liberté aux agriculteurs, la liberté d'entreprendre et d'innover. »

François Fillon a ainsi rappelé son engagement à ramener les normes applicables en France à la moyenne européenne, « par ordonnance dès le début du quinquennat ». Il compte appliquer le CICE à toutes les entreprises, y compris agricoles. une mesure qui serait financée par la hausse de la TVA de deux points. François Fillon a aussi rappelé qu'il souhaite supprimer le compte pénibilité, développer « une politique ambitieuse sur le stockage de l'eau », et mettre en place « un compte épargne aléas permettant de créer librement des réserves financières, sans plafond, sans limite de durée, et sans imposition ». Quant à l'Europe, le candidat veut « une Pac qui se concentre sur la gestion des risques et le soutien à l'innovation ».

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