Souveraineté alimentaire
Une priorité des agriculteurs que le contexte insère dans l’agenda politique

Avec la guerre en Ukraine, la souveraineté alimentaire revient au centre des priorités de l'agenda politique. (©Terre-net Média/Pixabay)
Avec la guerre en Ukraine, la souveraineté alimentaire revient au centre des priorités de l'agenda politique. (©Terre-net Média/Pixabay)

 

En janvier dernier, nous vous demandions, dans le cadre de l’élection présidentielle, quelles seraient vos premières mesures pour l’agriculture en tant que président et, à défaut, quels messages vous souhaiteriez faire passer aux candidats. Déjà perturbée par la crise sanitaire, la campagne est depuis  percutée par la guerre en Ukraine qui éclipse en grande partie les propositions et programmes des aspirants à l’Élysée. Une partie des candidats qui souhaitaient profiter du salon de l’agriculture pour y dévoiler leurs mesures agricoles n’ont finalement pas eu cette fenêtre médiatique, l’actualité se concentrant sur le contexte international.

Néanmoins, la crise Covid et l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont eu pour effet de relancer les réflexions autour de la souveraineté alimentaire et de la nécessité de maintenir une production agricole forte en France. Une préoccupation que vous êtes nombreux à vouloir rappeler aux candidats à l’ élection présidentielle.

« Voulez-vous réellement l’autosuffisance alimentaire ? »

« Comment feront-ils pour éviter que la Russie ne devienne, à terme, le grenier à céréales du monde et ne fasse la pluie et le beau temps comme actuellement sur le gaz en maintenant la politique agricole que nous connaissons depuis quelques années ? », demandait un agriculteur, le 28 janvier, des propos dont l'acuité est encore renforcée aujourd’hui par le déclenchement de la guerre en Ukraine.

« Se rendent-ils compte que la France n'est plus autosuffisante pour son alimentation? Et que plus on met de temps à réagir à cela, plus ce sera difficile à rattraper ? », fait remarquer un autre. Beaucoup de répondants mettent en avant les difficultés que rencontre l’agriculture française, entravée dans l’atteinte de la souveraineté alimentaire. « Voulez-vous réellement l’ autosuffisance alimentaire ? », insiste un producteur, car pour beaucoup, le discours politique ne se traduit pas en actes, comme le soulignent plusieurs interpellations rappelant le rôle clé de l’agriculture, que ce soit pour nourrir la population, soutenir l’économie, ou sur le plan environnemental (biodiversité, captation du carbone).  

« Face au contexte climatique actuel que nous rencontrons, la majorité des candidats proposent des mesures relativement radicales pour "répondre à l'enjeu climatique". N'avez-vous pas peur d'amputer notre souveraineté alimentaire ? », s’inquiète un producteur. « Priorité à la souveraineté alimentaire française. Ne pas oublier que nous disposons d'un berceau de production exceptionnelle », rappelle un autre.

Cependant, pour exploiter pleinement le potentiel de l’agriculture française, certaines contraintes sont à lever, estiment les répondants au questionnaire. «  L'indépendance alimentaire de la France et de l'Europe doit être une priorité sans concession vis-à-vis des importations ne respectant pas les normes françaises et européennes », explique l’un d’eux. Quelles mesures pour « rétablir la compétitivité de la France » ?, demande un autre.

Rendre le métier suffisamment attractif pour les jeunes

Outre un contexte économique peu favorable, au moins un quart des agriculteurs va partir à la retraite dans les prochains années, ce qui rend la question du renouvellement des générations incontournable pour assurer la souveraineté alimentaire française sur le long terme, soulignent les agriculteurs, qui insistent que l’importance de la rémunération. « Si rien n'est fait en matière de revenu pour les agriculteurs, nous assisterons à une catastrophe sur la courbe démographique de la profession », prévient un répondant.

« Comment arrêter la chute du nombre d'exploitations ? », « comment comptez-vous donner envie à des jeunes de s’installer durablement en agriculture » constituent ainsi des questions récurrentes adressées aux candidats.

La question de la rémunération reste ainsi prioritaire, arrivant en tête des préoccupations des plus de 400 répondants au questionnaire (elle a été citée en premier par 72,8 % d'entre eux). En deuxième position arrivent les retraites (31,2 %), puis les normes et la réglementation (30,2 %), et l’installation (24,7 %).

« Il n’y aura pas d’agriculteur sans un revenu décent et une retraite convenable », résume un exploitant, tandis qu’un autre rappelle directement aux politiques que « l’avenir de l’agriculture française est entre leur mains, de nombreux jeunes sont motivés, ne les découragez pas ! ».

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