« Souvent les agriculteurs cherchaient des moutons à cinq pattes rémunérés au Smic », a relevé Dominique Boucherel, secrétaire général de l'Association nationale paritaire pour l'emploi et la formation en agriculture (Anefa), lors d'une conférence de presse au Salon de l'agriculture. Pour l'association, qui « prêche la bonne parole » auprès des chefs d'exploitation, il est temps d'élever le niveau pour attirer - et garder - les salariés dans les fermes.
« 30 % des postes proposés en agriculture ne sont pas pourvus, quatre employeurs sur cinq ont des difficultés de recrutement, près de 40 % des salariés qui arrivent dans la filière la quittent au bout de deux ans », énumère le directeur de l'Anefa, Nicolas Savary.
Il rappelle l'urgence : « 40 à 50 % des actifs (salariés et exploitants) pourront faire valoir leurs droits à la retraite dans les cinq à sept ans qui viennent. » Le président de l'Anefa, Laurent Paillat, est maraîcher bio dans le Gard, avec sept salariés à temps plein. Il explique avoir « tout fait » pour éviter le port de charges lourdes, « éviter qu'on se baisse, qu'on se casse le dos ».
Il prône d'impliquer les salariés dans les projets de l'exploitation, d'éviter par exemple qu'ils découvrent le matin la présence d'un nouveau tracteur... Le matériel n'est pas anecdotique : quand un salarié est convoité par plusieurs fermes, son choix peut être dicté par la marque du tracteur, illustre-t-il.
Laurent Paillat préconise aussi « des petites choses simples » comme le fait de libérer les salariés en journée s'ils ont un rendez-vous médical. « La partie RH (ressources humaines), c'est quelque chose qu'on n'apprend pas ou peu dans l'enseignement agricole et en formation continue », regrette le président de l'Anefa.
Dominique Boucherel est salarié dans un service de remplacement en Loire-Atlantique, donc fait des renforts quand un patron doit s'absenter, principalement dans des élevages laitiers. Il suggère aux chefs d'exploitation de bien fournir à leurs nouveaux salariés les équipements de protection nécessaires (gants, bottes, masques en cas de pulvérisation de pesticides...) mais aussi un livret d'accueil.
Et insiste : il ne faut pas que la rémunération stagne au salaire minimum, sinon les salariés agricoles - réputés « autonomes et polyvalents » - ont vite fait de trouver un endroit où l'herbe est plus verte.