« Par-delà le précariat, comment faut-il penser le salariat agricole »

Agriculteur au volant d'un tracteur
S’ils restent peu visibles, les salariés agricoles sont indispensables au fonctionnement de l’agriculture française. (©Terre-net Média)

Le coup de feu du matin passé, l’heure est à l’entretien de l’atelier et à la préparation des commandes pour l’expédition et les magasins. Élodie Leseigneur est fromagère. Avec son collègue, elle transforme chaque matin le lait des vaches normandes, montbéliardes et holsteins de la ferme de La Quesne, en Seine-Maritime, pour en faire des tommes, raclettes et autres fromages à croûte lavée.

Fabriqués à partir de lait cru issu d’un troupeau élevé à base d’herbe, ces produits révèlent une typicité qui fait leur succès croissant à l’échelle locale. Ce qu’Élodie Leseigneur apprécie quand elle présente les fromages de l’exploitation sur des marchés fermiers ? « Les gens qui s’arrêtent à notre stand goûtent et sentent tout de suite la différence avec les fromages des supermarchés

Cela fait notre fierté. » Arrivée quatre ans auparavant, après une reconversion professionnelle à l’âge de 37 ans, la fromagère est salariée agricole de la ferme brayonne, en CDI.De l’atelier jusqu’aux cultures, en passant par l’élevage, quatre autres salariés, une apprentie et plusieurs stagiaires font tourner cette structure portée par trois chefs d’exploitation réunis en Gaec. Sans cette équipe, rien ne fonctionnerait correctement ici.

La seule main-d’œuvre agricole qui augmente

L’emploi de salariés agricoles ne constitue pas un phénomène nouveau en agriculture mais, en France comme en Europe, le volume de travail qu’ils accomplissent s’avère désormais primordial. S’ils restent peu visibles, ils sont indispensables au fonctionnement même de l’agriculture française.

Quelques chiffres pour en juger. Selon le dernier recensement agricole de 2020, sur les 758 300 personnes qui travaillent de façon permanente sur les exploitations, la part des chefs d’exploitation, des coexploitants et de la main-d’œuvre familiale est certes toujours prépondérante, puisqu’elle en constitue les trois quarts, mais sa population baisse fortement, de près de 28 % en dix ans, soit plus que le déclin des exploitations elles-mêmes.

Dans le même laps de temps, la part des salariés en agriculture augmente de 10 %. Résultat, ces derniers représentent désormais 22,5 % des emplois. Mieux, si on y ajoute les salariés occasionnels, les saisonniers et ceux intervenant via un prestataire extérieur (Cuma, groupement d’employeurs, etc.), « de 1980 à 2020, leur contribution au travail agricole global en équivalent temps plein (ETP) est passé de 17 à 3 % », observe l’association Humanité et Biodiversité(1).

Normal après tout : la hausse de la taille moyenne des exploitations couplée au recul de la main-d’œuvre familiale conduit les chefs d’exploitation à recourir de plus en plus à des salariés, voire à leur confier le pilotage de la ferme, comme l’illustre la figure montante du chef de culture...

(1) Les Cahiers de la biodiversité, n° 13, consacré au salariat agricole, juillet 2024.

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