
Plus de 50 % des exploitations françaises engagées dans l’agro-écologie d’ici 2025 : tel est l’objectif que s’est fixé Stéphane Le Foll à l’issue du dernier comité de suivi du projet, dont il a restitué les conclusions ce mardi 17 juin. Pilier de son action au ministère de l’Agriculture, ce projet agro-écologique entrera véritablement dans sa phase concrète début 2015. « 2015 sera l’année 1 de l’agro-écologie en France », a-t-il insisté.
Pour passer du concept à la pratique, le ministère présentera en septembre prochain l’ensemble des critères retenus pour évaluer les efforts des exploitations qui s’inscriront dans ce projet « systémique vers la triple performance : économique, environnementale et sociale ». Ces critères devraient être très variés : indices de fréquence de traitements phytosanitaires, critères sociaux, évolution des résultats économiques, etc.
Pour ces exploitations, un outil d’autodiagnostic leur sera mis à disposition. Un prototype intégrant tous les critères retenus devrait être présenté courant septembre avant d’être testé à l’automne par une partie des 35.000 exploitations déjà engagées dans la démarche via les réseaux Farre, Civam, Base ou agriculture durable entre autres.
Démarche consensuelle inédite
Au-delà des détails techniques qui seront précisés à la rentrée, et en attendant de connaître le niveau d’adhésion des agriculteurs à la démarche, Stéphane Le Foll peut d’ores-et-déjà se satisfaire d’avoir rassemblé tous les acteurs. Les Chambres d’agriculture, France nature environnement (Fne), les Civam et les régions ont exprimé leur pleine adhésion au projet.
« Même si nous avons des divergences d'approche, nous devons effectivement co-construire ensemble », a expliqué Guy Vasseur, président de l’Apca, évoquant les oppositions fréquentes entre le monde agricole et les associations environnementales représentées par Fne.
« Le couple agricole et environnemental est tumultueux, mais il reste indissociable, lui a répondu Jean-Claude Bévillard, secrétaire à l’agriculture de Fne. « Nous devons renverser le schéma agricole des derrières années qui faisait massivement appel aux intrants. »
Le deuxième pilier, seul moteur financier
Le projet agro-écologique sera par ailleurs décliné en quatre chantiers. Le ministre compte d’abord sur la loi d’avenir agricole et la création des groupements d’intérêt économique et environnemental pour « construire des dynamiques territoriales innovantes ». Les Chambres d’agriculture et les Civam auront la charge de former et d’accompagner les agriculteurs dans la démarche, en déployant l’outil d’auto-diagnostic.
L’enseignement agricole sera également mobilisé. Dès la rentrée scolaire 2014, l’agro-écologie fera partie du programme du Bts Acse (analyse et conduite des systèmes d’exploitation) et du Bts Darc (Développement et agriculture des régions chaudes).
A la rentrée 2015, la discipline sera intégrée au Cap, bac pro et brevet professionnel agricoles.
Les régions quant à elles, joueront le premier rôle d’un point de vue financier. Car les soutiens à l’agro-écologie proviendront exclusivement du deuxième pilier de la Pac, via notamment les Maec (mesures agro-environnementales et climatiques) présentées il y a quelques jours, ainsi que les fonds du plan de développement rural.
Le Foll, Vrp de l’agro-écologie à l’international
Par ailleurs, le ministre ne veut pas que la France fasse « cavalier seul » dans ce domaine de la triple performance des exploitations, mais entend au contraire se faire le porte-parole d’un nouveau modèle agricole, validé de surcroît aussi bien par la profession agricole que par les associations environnementales et de développement rural.
A l’automne, le ministre présentera sa démarche aux représentants agricoles d’autres pays lors d’un colloque international consacré à l’agro-écologie et qui sera organisé à Rome sous l’égide de la Fao. « Nous devons montrer qu’un grand pays agricole comme la France a la capacité à mettre en place un telle démarche. »