Laurent Pinatel : « Il faut sauver les producteurs de lait ! »

Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne. (©Confédération paysanne.)
Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne. (©Confédération paysanne.)

Laurent Pinatel porte parole de la Confédération paysanne et Marie-Noëlle Orain, secrétaire générale. Au Space à Rennes, le 11 septembre2013, ils présentaient les revendications du syndicat sur la Pac pour 2015.
Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne. (©Confédération paysanne.)

« La surproduction à l'échelle mondiale et un embargo russe en prime ont provoqué une chute des prix du lait depuis l’automne. La fin des quotas aidant, le printemps risque de ne pas être le "renouveau" attendu. La barre symbolique des 300 euros la tonne vient d’être franchie dans certaines laiteries rendant la situation de plus en plus difficile sur les fermes. Pourtant, le monde agricole reste calme. ''Tout est normal, ne vous inquiétez pas'', semblent dire les ministres, commissaires européens, responsables syndicaux majoritaires, et autres industriels qui se frottent les mains.

Car depuis 2009, l’ambiance a bien changé. Toutes les forces ont été consacrées à un objectif : faire comprendre aux éleveurs qu’ils doivent être plus grands, plus modernes, plus ambitieux même, pour échapper aux aléas du marché, devenu maître par le désengagement des pouvoirs publics. L’exportation est devenue le fantasme commun, comme on rêve à une île déserte avec des plages de sable fin. Pourtant la Chine reconstruit ses capacités de production et les accords de libre-échange signés à tout va ne pourront qu’être destructeurs pour l’agriculture.

L'avenir des producteurs confié aux industriels

Mais ces chimères ont permis d’aboutir à la destruction de la vision collective de la production laitière. En supprimant les quotas laitiers, un système déjà loin d’être satisfaisant, les pouvoirs publics confient notre avenir aux industriels et à la main invisible du marché. Leur choix est donc clair : il faut sauver la production, sans s’inquiéter de l’avenir des producteurs.

Mais les producteurs, c’est nous, les paysans. Nous qui avons choisi d’être éleveurs par passion pour ce métier, parce qu’être à la base de l’alimentation de tous à un sens particulier. C’est pourquoi, pour la Confédération paysanne, il faut sauver les producteurs en priorité.

D’abord, il y a l’urgence. Dans la tête de certains, rien de tel qu’une crise pour faire le ménage. La Commission européenne aurait déjà dû prendre la mesure de la situation et imposer une baisse de la production, comme le lui permet le règlement Ocm unique. Ce n’est qu’une fois la situation apaisée que de véritables mesures pourront être discutées pour une politique laitière européenne et nationale réellement efficiente et équitable.

Pour la Confédération paysanne, il faudra alors mettre en place un tunnel de prix qui garantira les revenus des éleveurs et une régulation des volumes produits. En clair, il s’agit d’instaurer un prix plancher et un prix maximum. En dessous du prix minimum (calculé en fonction des coûts de production), la production doit être réduite, au-dessus du prix plafond l’excédent financier dégagé serait déposé dans une caisse de solidarité pour les périodes plus difficiles.

Les organisations de producteurs inefficaces

En parallèle, pour que les producteurs laitiers s’assurent un avenir, ils doivent retrouver leur pouvoir dans la filière. Les organisations de producteurs, issues de la contractualisation (et non l’inverse), ont prouvé leur inefficacité. Elles ont fait des éleveurs les ouvriers spécialisés des laiteries, qu’elles soient privées ou coopératives. Il est temps de mettre en place des organisations de producteurs par bassin de production, avec un réel pouvoir de négociation sur les industriels.

En 20 ans, le nombre d’éleveurs laitiers a été divisé par deux. Doit-on considérer cela comme normal ? Doit-on considérer que, parce que d’autres pays ont perdu leurs éleveurs, transformés en salariés d’usines à vaches, nous devrions nous y résoudre aussi ? Nous devons avoir l’ambition d’une production laitière avec des fermes nombreuses et des paysans justement rémunérés pour leur travail. Nous devons même avoir l’ambition d’en faire un modèle ! »

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