« Un redressement significatif du marché passe par un ralentissement de la collecte » a expliqué devant la presse Dominique Chargé, président de la FNCL, avant le début de l'assemblée générale de la fédération jeudi 21 avril 2016. Les coopératives laitières françaises « s’engagent en faveur d’une stabilisation voire une baisse de la production ». Mais à une condition : « que cette décision soit partagée et appliquée dans les autres pays européens ayant augmenté leur production ces derniers mois. »
Le 11 avril dernier, la Commission européenne a validé la possibilité de mettre en place des mesures de réduction de la production, avec un soutien financier des Etats membres. « Nous demandons à Bruxelles que cette mesure soit financée par un budget européen. Les budgets de réserve de crise doivent être activés pour donner les moyens de financer la baisse ou, au moins, la stabilisation de la collecte. » Pour le moins, les aides d’Etat doivent être distribuées sur des engagements de réduction de production.
La FNCL attend surtout beaucoup de la prochaine réunion européenne « laitière », qui se tiendra le 25 mai prochain. Ce rendez-vous réunira tous les acteurs européens de la filière laitière et aura pour objectif de trouver les moyens européens pour stabiliser la production. D’ici là, les représentants de la FNCL multiplient les échanges notamment avec leurs homologues allemands, pour constituer un socle franco-allemand en vue de faire infléchir les pays européens les plus libéraux.
« L’Allemagne a enregistré une production stable en 2015, comme la France. Les ministres des Landers ont appelé à ce que le pays entier s’engage, lui-aussi, dans des mesures de réduction de la production. »
La FNCL veut aussi en profiter pour plaider en faveur d’un volet de gestion de crise au sein de la prochaine Pac, avec un « système d’assurances de marges à l'instar du Farm bill américain », mais aussi en faveur d’une harmonisation sociale entre pays européens.
En Allemagne, des prix proposés à 200 €/1 000 l
En attendant, la réunion européenne du 25 mai prochain restera sans aucun effet à court terme. « Tout au mieux, les décisions qui pourraient être prises pourraient avoir un effet psychologique sur les marchés », concède Dominique Chargé.
Dans ce contexte, la FNCL craint un usage abusif de l’intervention, l’autre mesure accordée par Bruxelles. « Certains Etats pourraient utiliser le nouveau contingent d'intervention de 109 000 t comme un débouché stable à des prix très dégradés, de surcroît accompagnés de soutiens nationaux. Cela pourrait avoir des effets totalement opposés à ceux recherchés. »
En France, le prix du lait payé aux éleveurs a chuté de 8 % entre janvier 2015 et janvier 2016, où il atteignait tout juste 288 euros les 1 000 litres, selon la FNCL. « En Allemagne, des propositions d'entreprises pour les mois qui viennent tournent autour de 20 centimes le litre ! Personne en Europe ne peut tenir avec ces prix. »
Sur le plan national, « le marché français offre plus de stabilité que le marché européen », a expliqué le président de la FNCL. Mais les marchés de « produits laitièrs B to B », c’est-à-dire utilisés comme ingrédients pour une seconde transformation, de même que le marché de la restauration hors foyer, restent calqués sur le marché communautaire. « En RHF, les appels d’offres sont européens. » La FNCL déplore que « rien n’ait été fait » sur ce sujet.
Quant à une prochaine révision de la LME sur les négociations commerciales, « les artifices pour réparer les lacunes de la loi ne serviront à rien. Il faut une réforme en profondeur pour des négociations commerciales responsables. »