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« Cet accord est très positif pour notre secteur agroalimentaire, créant de nouvelles opportunités d'exportation pour nos produits alimentaires ce qui créera plus d'emplois et de croissance, en particulier dans les zones rurales », s’est félicité Phil Hogan lors de la présentation de l’accord.
L’accord permettra à l’Union européenne d’exporter 30 000 t de lait en poudre par an sans droit de douane dès sa ratification. Un volume qui passera à 50 000 t dans cinq ans. Jusqu’à présent, la poudre de lait était exportable avec un droit de douane de 50 %. « Dans un contexte où les stocks à l’intervention de poudre de lait sont importants, c’est un signal important pour le marché », argumente-t-il.
Comme l’expliquent les documents publiés par la Commission européenne, l’UE pourra aussi exporter sans limite de volume ni droit de douane de la viande de volailles et de porcs et du Roquefort, ainsi que 5 000 t/an de fromage frais et fondus et 20 000 t d’autres fromages. Par ailleurs, 340 indications géographiques protégées en Europe ne pourront pas être copiées au Mexique.
En clair, l’accord UE-Mexique est plutôt à l’avantage des filières laitière, porcine et avicole d’Europe et de France. Et la Commission européenne met largement en avant ces bénéfices pour le secteur agricole. Mais le commissaire européen à l’agriculture ne mentionne pas les « intérêts défensifs » européens dans cet accord : la viande bovine !
10 000 t de pièces nobles, 10 000 t d’abats
Car ce que ne dit pas la Commission, ou si peu, c’est qu’elle a accepté un quota d’importation annuel de viande bovine de 20 000 t sans droit de douane : 10 000 t de pièces nobles et 10 000 t d’abats.
Pour le Copa et la Cogeca, l’accord est plutôt « équilibré ». « L’accord avec le Mexique profitera aux deux parties, à condition que les contingents d’importations soient bien gérés » commente le syndicat européen des producteurs et coopératives, estimant tout de même qu’un « contingent d'importation de 10 000 tonnes de viande bovine était 10 000 tonnes de trop ».
Pour les organisations et syndicats de la filière bovine, c’est la consternation. « La production mexicaine de viandes bovines ne répond pas aux standards de production européens. Preuve en est : l'absence de traçabilité des animaux - obligatoire en Europe depuis 2000, l'utilisation de farines animales - interdites en Europe depuis 2001 et d'activateurs de croissance dans l'alimentation des bovins - interdits en Europe depuis 2006 », détaille Interbev.
« Alors que la France semble s’être opposée à cette nouvelle ouverture du marché de la viande bovine, nous regrettons que sa voix, dans ces négociations, n’ait pu suffisamment peser », commente pour sa part la FNB dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron. « Devons-nous nous en tenir à la lecture de ces derniers actes politiques, faisant primer « liberté contractuelle », concurrence déloyale et économie ultra-mondialisée sur les objectifs de régulation, de montée en gamme ou de relocalisation ? »
« Abasourdie » par la conclusion de l’accord, la Coordination rurale demande au Gouvernement « d’assumer la « ligne rouge » évoquée par Emmanuel Macron lors du Salon de l’agriculture ». « La Commission s’acharne contre les éleveurs et contre les consommateurs européens. »
Parmi les produits agricoles, la viande bovine ne serait pas la seule à avoir servi de monnaie d’échange. Certes la Commission européenne a obtenu la protection de 340 IGP, parmi elles le Comté français ou Queijo Sao Jorge portugais. Mais, comme l’expliquent nos confrères d’Euractiv, « l’UE n’a toutefois pas obtenu gain de cause pour les agriculteurs de La Mancha, en Espagne, et leur fromage, le Manchego, qui bénéficie aussi d’une IGP. Or, le manchego mexicain représente presque 15 % de toutes les ventes de fromage au Mexique. »