Vote des eurodéputés pour réduire de moitié l'usage des phytos

La Commission européenne propose de réduire de moitié d'ici 2030, comparé à la période 2015-2017, l'utilisation des produits phytosanitaires chimiques.
La Commission européenne propose de réduire de moitié d'ici 2030, comparé à la période 2015-2017, l'utilisation des produits phytosanitaires chimiques. (©Nadège Petit @agrizoom/Banque d'images FranceAgriTwittos)

Une déclaration symbolique distincte réclamant l'interdiction complète du glyphosate a été rejetée en commission parlementaire, avant un vote des Vingt-Sept en novembre sur le sort de cet herbicide considéré comme « cancérogène probable » par l'OMS.

La législation sur les pesticides proposée en juin 2022 par la Commission européenne prévoit de réduire de moitié d'ici 2030, comparé à la période 2015-2017, l'utilisation et les risques à l'échelle de l'UE des produits phytosanitaires chimiques. Cet objectif contraignant a été repris dans le texte adopté mardi par les eurodéputés de la commission Environnement (47 voix pour, 37 voix contre, 2 abstentions), en élargissant la période de référence.

Ce compromis, endossé par les élus de gauche et les centristes du groupe Renew, relève à 65 % l'objectif de réduction, à même échéance, des « produits les plus dangereux », contre 50 % proposés par Bruxelles.

Le groupe PPE (droite) s'y opposait farouchement, à l'unisson de l'organisation des syndicats agricoles majoritaires (Copa-Cogeca) et d'Etats hostiles au texte, sur fond de résistances croissantes aux réglementations environnementales de l'UE, jugées trop contraignantes.

« Face à l'impact de la guerre en Ukraine (sur les marchés des céréales), cette proposition met gravement en danger l'indépendance (européenne) en termes de sécurité alimentaire », estimait lundi l'élu conservateur autrichien Alexander Bernhuber, évoquant le risque d'une chute des rendements qui entraînerait des importations agricoles accrues.

Il s'inquiétait également de l'interdiction des pesticides dans les zones Natura-2000, au risque « d'y condamner beaucoup d'exploitations ».

« Contre-vérités »

La rapporteure du texte, l'écologiste autrichienne Sarah Wiener, s'est à l'inverse félicitée d'avoir trouvé des « compromis réalisables » à l'issue d'un débat « idéologiquement chargé et dominé par le lobbying » de l'agrochimie.

Elle a fustigé l'intransigeance du PPE : « Il ne peut rester figé et répandre des contrevérités pour semer l'effroi ! Il faut dire aux agriculteurs d'être courageux, que cela peut fonctionner (...) Nous savons qu'il faut s'attaquer au problème des pesticides ».

« Cela bénéficie autant à l'environnement qu'aux agriculteurs : l'utilisation abusive de pesticides rend les gens malades, décime les abeilles et abîme les sols », nuisant aux cultures, a abondé la socialiste belge Marie Arena.

Selon le texte voté mardi, les pesticides chimiques seraient bannis dans les « zones sensibles » (espaces verts urbains, terrains de sport, sentiers publics, aires Natura-2000...) ainsi qu'alentour sur une bande-tampon de cinq mètres, mais les eurodéputés ménagent d'éventuelles dérogations.

Surtout, afin de promouvoir l'usage de « composants de substitution », les élus réclament à la Commission de fixer un objectif à l'horizon 2030 pour l'augmentation des ventes de « pesticides à faible risque » et produits de biocontrôle, pour lesquels ils veulent des procédures d'autorisation accélérées.

« Irréalistes »

Enfin, pour tenir compte de situations de départ différentes - l'usage actuel de pesticides variant beaucoup entre les pays -, chaque État pourrait adopter ses propres objectifs en fonction de sa surface agricole, des ventes annuelles de pesticides et de leur niveau de danger. Charge à Bruxelles de vérifier si ces cibles nationales sont suffisamment ambitieuses.

En revanche, aucune modification significative n'est apportée à l'indicateur-clé utilisé pour mesurer la réduction des pesticides, dont le mode de calcul est pourtant vivement critiqué par les ONG.

Friends of the Earth a ainsi salué dans le vote « une lueur d'espoir » mais déploré l'absence « d'un indice permettant de mesurer correctement les progrès ».

De son côté, le Copa-Cogeca a fustigé un texte « déconnecté des réalités agricoles (...) avec des objectifs irréalistes et peu de solutions concrètes ». « Nous sommes clairement dans une posture politique, sans réelle évaluation des conséquences », a tancé l'organisation agricole.

Le texte fera désormais l'objet d'un vote en plénière par l'ensemble des eurodéputés en novembre, avant de futures négociations avec les Etats... une fois que ceux-ci auront arrêté leur position.

Alors que le calendrier s'annonce serré d'ici aux élections européennes de juin 2024, les discussions des ministres de l'Agriculture s'éternisent. Ils réclamaient à la Commission une nouvelle étude d'impact évaluant d'éventuelles chutes des rendements - rapport finalement rendu cet été sans dissiper les préoccupations d'une partie des Etats.

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