(article modifié le 08/02/24) Euronext devrait prochainement intégrer un point de livraison du maïs en Roumanie avec un indicateur de prix, et il s’agira probablement du port maritime de Constanța. Un processus d’évaluation est en cours en ce sens depuis avril 2023.
De fait, ouvrir un point de livraison dans ce pays permettrait d’apporter davantage de liquidités à la principale place boursière de la zone euro pour les transactions de maïs.
Car seulement 115 000 t de maïs sont vendues chaque jour sur Euronext (contre 3 Mt de blé), les pays européens livrant pour l’instant n’étant pas des exportateurs majeurs du grain jaune. La situation est tout autre pour la Roumanie, qui a exporté 1,8 Mt de maïs depuis septembre 2023.
« En outre, un indicateur de prix est nécessaire dans le bassin de la mer Noire, car les prix indiqués par la bourse de Chicago pour cette zone ne sont pas corrects ni réalistes », ajoute Cezar Gheorghe, spécialiste du marché des céréales.
Un contrat Constanța « pourrait effectivement avoir un impact, en donnant une nouvelle référence de prix plus parlante pour le marché européen, puisqu’on n'importe pas de maïs US en Europe, abonde l’expert Marius Garrigue. Cela permettrait aussi aux négociants européens de se couvrir plus facilement en maïs mer Noire en fixant des prix ».
« C’est à relativiser, nuance-t-il cependant : dans les faits, les prix Fob France et Roumanie sont déjà fortement corrélés. Et « les contrats Euronext sont sur du 50 tonnes, ce qui les rend peu adaptés à ce marché et résulte sur de faibles volumes d'échanges. L'an dernier, Euronext a d'ailleurs supprimé l'échéance janvier en raison des volumes traités trop faibles ».
« Transparence » et « stabilité » des prix
Le processus d’évaluation de la Roumanie par Euronext a commencé au printemps dernier et pourrait prendre jusqu’à deux ans. Cela passe par une analyse du marché, par une évaluation de la volonté des agriculteurs, commerçants et transformateurs locaux, et par un contrôle des silos, qui doivent présenter de bonnes conditions de stockage.
« J'espère que nous aurons un contrat de volume pour Euronext avant le 1er juillet 2024 », déclare de son côté Cezar Gheorghe. Les agriculteurs roumains voient dans cette perspective d’indicateur Euronext en Roumanie une troisième alternative pour fixer les prix, en plus du CBOT et du Matif.
Certains se réjouissent de la transparence que cet outil pourrait apporter en termes de transactions céréalières, d’autres espèrent de meilleurs prix et davantage de stabilité, dans un contexte où la guerre en Ukraine a accru la volatilité des cours et provoqué des pertes de revenus pour les agriculteurs roumains.
« Disons qu’un agriculteur plante aujourd’hui du maïs et évalue le prix de la récolte à l’échéance novembre 2024 : il bloque effectivement ce prix et n’a pratiquement aucun problème si les cours baissent sous la pression des récoltes ou d’autres facteurs. Il peut anticiper et capter sa marge opérationnelle, sans être soumis à la volatilité du marché », illustre Cezar Gheorghe
Dans le cadre de ce contrat entre la Roumanie et Euronext, les agriculteurs des pays voisins – Bulgarie, Serbie, Hongrie, et même l’Ukraine – pourraient aussi livrer leurs marchandises. Et après le maïs, le blé et le colza pourraient eux aussi avoir un indicateur de prix à Constanța.
