Les filières agricoles s'interrogent sur les conditions de leurs transformations

Au cours de cette journée de débats lundi 10 septembre 2018, de nombreuses thématiques ont été abordées : OGM/non-OGM, production biologique, répartition de la valeur ajoutée, réforme de la Pac... autant de sujets sur la transition alimentaire. (©Terre-net Média)
Au cours de cette journée de débats lundi 10 septembre 2018, de nombreuses thématiques ont été abordées : OGM/non-OGM, production biologique, répartition de la valeur ajoutée, réforme de la Pac... autant de sujets sur la transition alimentaire. (©Terre-net Média)

Alors que le projet de loi « pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous » entame son dernier tour de piste parlementaire, le monde agricole reste sur sa faim. « Doit poursuivre ses efforts » pourrait être l’appréciation de ce projet de loi. « Notre objectif premier est de repartager la valeur ajoutée au bénéfice des agriculteurs », rappelle Olivier Allain, coordinateur des Etats généraux de l’alimentation, en ouverture de Terre 2018. Ce qui se traduira, entre autres, par l’interdiction des reventes à perte, l’encadrement des promotions, des indicateurs des coûts de production pour une construction inversée du prix…

Suffisant ? Pas vraiment, estime la présidente de la FNSEA. « On a un peu avancé mais beaucoup reste à faire pour sauver le soldat Agriculture », tempête Christiane Lambert. Et de lister, le problème de la compétitivité qui risque d’être aggravé avec la suppression des allègements de cotisations salariales  ou encore la concentration qui se poursuit dans la grande distribution. Dans un marché européen ouvert, cette loi n’a qu’une portée franco-française. « Il ne faut pas charger la seule barque française en obligations, que les autres pays européens n’ont pas. Sinon, nous verrons les importations à bas coût augmenter », prévient Christiane Lambert. Car si la France veut défendre son agriculture, elle doit le faire en respectant les lois communautaires, sous peine de voir les autres pays crier au protectionnisme déguisé.

« L’approche juridique doit être européenne, complète Nicolas Gransard, avocat associé au cabinet Fidal. Les textes d’application devront être précis et en phase avec le droit à la concurrence. La réforme de la loi des contrats impose plus de transparence et de loyauté. Pour les filières agricoles, ça sera peut-être un meilleur outil que cette loi sur l’alimentation ». « Le législateur doit tenir compte de la réforme européenne dite « Omnibus » qui donne de nouvelles possibilités aux OP et interprofessions pour parler volume et prix », complète Christiane Lambert.

S’il y a des avancées, beaucoup reste à faire pour que la ferme France se porte mieux. Par exemple pour que les filières puissent mieux s’organiser pour faire contrepoids face à la concentration de la distribution.

« Pour travailler sur le partage de la valeur ajoutée, j’aimerais que nous, agro-alimentaire et distribution, puissions expérimenter un cahier des charges intégrant des volumes et des prix pour un produit différenciant sur trois ou quatre ans, pour voir si le consommateur nous suit dans cette démarche qualitative, ce que ça apporte aux producteurs », espère Christian Couillaud, directeur général d’Even.

Terre 2018
Stéphane Letué, directeur coopérative des fermiers de Janzé ; Christian Coulleau, directeur général Even ; Nicolas Gransard, avocat associé Fidal ; Serge Le Bartz, président groupe d'Aucy. (©Cécile Julien)

Reste aussi à mettre des moyens en face des ambitions. Par exemple dans la restauration collective où la loi veut tendre à 50 % des approvisionnements « durables » dont 20 % en bio « Les collectivités ont fait des efforts mais elles arrivent à un seuil où pour faire plus, il faut des moyens », analyse Christophe Hébert, président de l’association nationale des responsables de la restauration territoriale. Pour arriver à 20 % de bio dans les assiettes des cantines et autres maisons de retraite, le gestionnaire estime qu’il faudrait une hausse de 30 centimes sur les 1,5 euro de coût de matière première. Et de s’interroger « combien de maires accepteront une hausse de ce budget ? ».

Là, comme en grandes surfaces, le dernier mot restera aux consommateurs et à leurs priorités budgétaires. « A nous, agriculteurs, d’expliquer que notre modèle agricole est vertueux, après personne, aucune loi ne peut forcer les consommateurs dans leurs actes d’achat. Les agriculteurs sont d’accord pour la montée en gamme de leurs produits encore faut-il que les consommateurs soient prêts à en payer le juste prix », conclut Christiane Lambert.

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