« On a l’habitude de le dire : tout commence par les semences. La filière est très attendue vis-à-vis de l’adaptation de l’agriculture au changement climatique et à la transition agroécologique pour amener plus de résilience », a rappelé Pierre Pagès, président de Semae, à l’occasion de la conférence annuelle de l’interprofession.
Sécuriser la capacité de production
La filière est impliquée dans les prochaines conférences de la souveraineté alimentaire. « Au sein de Semae, nous sommes très alignés sur cet objectif, mais nous restons vigilants quant à la manière de procéder. On ne peut pas parler de souveraineté sans compétitivité, a tenu à souligner le président de l’interprofession. Les enjeux d’innovation et de biodiversité sont au centre des réflexions, mais il ne faut toutefois pas oublier la question des moyens de production, de plus en plus restreints ».

Avec 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour le secteur des semences, la France conserve sa position de premier exportateur mondial de semences agricoles et de premier producteur européen.
La balance commerciale reste positive pour la campagne 2024-25, à 1,3 milliard d’euros (équivalente à la campagne dernière), contrairement à celle du secteur agroalimentaire, qui enregistre un déficit pour la première fois en France depuis 50 ans. Néanmoins la situation de la filière semences et plants se montre relativement fragile.
L’érosion des agriculteurs multiplicateurs continue
En témoigne le nombre, encore, en baisse d’agriculteurs multiplicateurs en France : il est passé de 17 194 en 2022 à 16 504 en 2025. « Ce n’est pas un bon indicateur, estime Pierre Pagès. Évidemment il y a la pyramide des âges, mais on compte aussi des producteurs qui se détournent de la multiplication de semences à cause des aléas économiques. On ne peut pas demander aux producteurs de s’engager dans une filière exigeante sans disposer des moyens de production adéquats », a-t-il insisté
« Le nombre de contrats diminue mais les surfaces moyennes des contrats augmentent, il y a un phénomène de concentration, observe Bruno Ferreira, directeur général de l’interprofession. Et les surfaces françaises de semences et plants ont stoppé leur baisse engagée depuis 2022 : 380 411 ha en 2025 contre 376 795 ha en 2024. La sole de multiplication dédiée au lin et au chanvre enregistre une hausse de 18 % sur un an, à l’inverse celle d’oléagineux est en baisse de 16 %. »

Les NGT pour accélérer l’innovation variétale
Questionné sur l’accord trouvé par l’Union européenne sur les NGT, Pierre Pagès a salué la nouvelle : « on a toujours estimé dans la profession que c’était un outil nécessaire pour accélérer l’innovation variétale. Chaque jour qui passe, on prend du retard. Cette avancée permet de poser un cadre réglementaire clair et d’apporter des leviers pour les agriculteurs. »
« Le sujet n’est toutefois pas terminé au niveau européen, il doit encore être validé par le Conseil et le Parlement, note Bruno Ferreira. On va être très attentif quant aux évolutions sur la durabilité, et la façon d’appliquer les règles de propriété intellectuelle. Il reste plusieurs sujets d’attention pour s’assurer que l’accès aux NGT soit garanti à l’ensemble des producteurs. »