Micro-irrigation
Francis Bourges : « Efficience améliorée, temps gagné et image redorée »

Francis Bourges : « Efficience améliorée, temps gagné et image redorée »
Francis Bourges
Economie d’eau et respect de l’environnement, ou comment redorer l’image dégradée de la culture du maïs. Un leitmotiv majeur pour les agriculteurs du sud-ouest, comme Francis Bourges. (©Terre-net Média)

Francis Bourges, agriculteur à Bioules dans le Tarn, produit des semences sur 150 ha irrigués, dont la moitié de maïs. Il dispose des trois systèmes classiques d’irrigation : le pivot, l’enrouleur et l’intégrale. Il a couvert cette année 20 ha en goutte-à-goutte de surface. « L’objectif est de remplacer la couverture intégrale, un système très efficace mais coûteux et très gourmand en temps, pour l’entretien notamment. Si je suis satisfait, je ferai de même sur les 25 ha restants. »

La première motivation évoquée s’éloigne pourtant des considérations techniques. « Je cherche à faire évoluer mes pratiques par rapport à l’opinion publique. L’image du maïs a besoin d’être redorée. Si les enrouleurs disparaissent des champs, les restrictions d’irrigation se feront peut-être plus rares. Je ne peux pas envisager l’avenir de mon exploitation sans le maïs. »

La gestion du temps est également forte. « Déplacer un enrouleur demande une demi-heure. J’en ai sept. Rien à voir avec le goutte-à-goutte, qui a aussi besoin de surveillance, mais pour lequel un passage en voiture suffit histoire de contrôler que toutes les raies sont humides et l’absence de fuite. » Les contraintes de débit et de pression entrent enfin en ligne de compte. « Je pompe l’eau sur un réseau collectif alors plusieurs agriculteurs peuvent être branchés en même temps… » Le goutte-à-goutte ne demande qu’une pression de 3 bars au départ.

De petites quantités apportées régulièrement

La micro-irrigation consiste à apporter de l’eau en petites quantités plus régulièrement. « J’arrose tous les jours pendant 3-4h voire plus », témoigne Francis Bourges. Les sondes capacitives évaluent la quantité d’eau présente dans le sol et alertent sur les besoins à venir. « Apporter tous les jours, conseille Frédéric Honoré, technico-commercial de Modern’irrigation 82, installateur, une quantité d’eau équivalente à l’Etp en prenant en compte la réserve utile si elle est connue. » Francis Bourges ajoute : « Et au moins là je suis sûr que les 1.000 m3 iront au maïs. Je cherche en effet à améliorer l’efficience avant tout. Pour de réelles économies, il me faudra un tensiomètre. Je verrai plus tard. »

Il est possible de coupler un système de fertirrigation. « Une telle installation assure, au moment de l’apport, une répartition homogène de l’eau et du fertilisant et la possibilité d’intervenir même aux stades hors limite passage du tracteur. »

Louis-Georges Lafont, Netafim
Louis-Georges Lafont, Netafim
(©Terre-net Média)

Frédéric Honoré évoque l’économie d’échelles qu’entraîne le passage au goutte-à-goutte. « Il réduit le développement des adventices, du fait de n’arroser que le rang, ce qui abaisse la note d’herbicides. Il corrige les problèmes de tassement du sol en préservant la structure, avec un effet positif sur la propagation des racines et la diffusion de l’eau et de l’engrais. Enfin, et surtout, il améliore l’efficience de ces deux éléments. Un réel progrès par rapport à l’irrigation par aspersion par exemple où 30 à 40 % de l’eau est perdue. »

Un marché en développement

L’arboriculture et le maraîchage sont le cœur d’activité de Netafim, spécialiste de la micro-irrigation. « Les grandes cultures, explique Louis-Georges Lafont, responsable secteur sud-ouest, représentent un marché en développement. Aujourd'hui mille hectares profitent d’une installation enterrée et 500 de surface. Une centaine de nouveaux hectares sont couverts chaque année. Les premières installations datent d’il y a cinq ans alors que les maraîchers utilisent la technique depuis vingt ans ! »

Tous les types d’installation sont encore demandés aujourd’hui, hormis la couverture intégrale, alors que la contrainte sur la ressource se renforce. « Il faut croire qu’elle n’est pas encore assez forte et l’eau encore à un prix acceptable. Il n’y a aucune incitation financière pour la micro-irrigation alors que des subventions sont versées pour les pivots et les enrouleurs. »

Micro-irrigation en maïs
Une parcelle de dix hectares sera séparée en quatre blocs qui peuvent être gérés individuellement. (©Terre-net Média)

L’installation des tuyaux préperforés a eu lieu au stade 4-5 feuilles du maïs, après un binage. L’écartement entre deux lignes de goutteurs dépend de la culture. En maïs, il faut compter une ligne de goutteurs pour deux rangs de culture. Le passage de la machine lors des chantiers de castration inquiétait l’agriculteur mais les tuyaux ont résisté. « Ils sont prévus pour », assure Louis-George Lafont. « C’est un autre avantage de la technique que de pouvoir arroser alors que les équipes travaillent dans la parcelle. »

LE FILTRE, LA PIÈCE MAÎTRESSE

Frédéric Honoré explique l’importance du filtre. Plusieurs systèmes existent : à tamis, à sable ou à disque, à choisir selon la qualité de l’eau et l’objectif. « J’entends parler de colmatage en goutte-à-goutte mais c’est forcément qu’il manque un système de filtration », s’emporte Frédéric Honoré. « La présence d’un filtre est indispensable ! C’est le cœur de l’installation, le premier poste de dépense. De lui dépendent la réussite et la qualité de l’irrigation. Et je préconise de choisir un filtre automatisé, capable de lancer une procédure de contre lavage du tamis si nécessaire. »

Le coût de l’installation dépend de la configuration de la parcelle, du nombre de raccords. « Pour 20 hectares, il faut prévoir 1.200 à 1.500 €/ha. Et chaque année, compter 205 à 400 €/ha pour le renouvellement des tuyaux. A partir de 5 ha, il y a un intérêt. Mais plus la surface sera grande plus le coût du filtre sera dilué. » L’installation demande 5 à 6 h/ha, puis il faut consacrer quelques jours chaque année à la dépose et au remontage. Francis Bourges « s’inquiète de cette étape après la récolte. Le fabricant dit réfléchir à un produit à injecter dans les tuyaux pour le détruire. Ce serait idéal. »

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