Au risque de paraître « dissonant », Pierrick Horel, président de Jeunes agriculteurs, n’a « pas envie de s’inscrire pour le moment dans un mouvement social ». Le syndicat espère plutôt un contexte politique qui permettra de faire passer les lois et notamment « un budget ambitieux ».
Car la crise politique ne permet pas aujourd’hui de porter une vision d’avenir pour l’agriculture, sur laquelle JA a travaillé avec un projet de planification agricole. Il s’agit de « retrouver une agriculture forte, qui donne envie et réponde aux enjeux de société », mais aussi de donner aux jeunes installés un minimum de garanties sur l’avenir, explique Pierrick Horel pour qui, aujourd’hui, le parcours à l’installation et la DJA ne sont plus suffisants.
Un espoir avec les conférences de la souveraineté alimentaire
Le président de JA voit d’un bon œil les conférences de la souveraineté alimentaire, annoncées par le gouvernement. « Pour nous, c’est un vecteur de prise de conscience, de dialogue avec le territoire, mais aussi avec les filières. »
Néanmoins, Pierrick Horel n’exclut pas un potentiel échec de ces conférences. « Si ça ne prend pas le bon chemin, on aura la force de trouver une voie de passage afin d'obtenir une déclinaison opérationnelle pour les agriculteurs », prévient-il.
Quant à la déclinaison des lois agricoles déjà votées, notamment la loi d’avenir, JA reste attentif, notamment sur la mise en place du guichet unique et de France Services Agriculture. « On se félicite aussi du Bachelor Agro qui sera en place dès la rentrée 2026 », et « de la possibilité depuis le 1er juillet d’abonder les CPF via Vivea », explique Pierrick Horel.
Un rapport d’orientation sur le commerce international
Parmi les autres sujets du moment figurent les dossiers européens, notamment la Pac, dont le budget « n’est plus complètement dédié à l’agriculture » et risque d’attiser « la concurrence entre États », explique le président de JA. À celà s’ajoutent les avancées vers la signature de l’accord UE-Mercosur, et la mise en place des taxes Trump.
Outre les clauses de sauvegarde, jugées inefficaces par JA, « ce qui est inquiétant avec le Mercosur, c’est qu’il s’agit d’un énième traité de libre-échange discuté dans des conditions opaques, ce qui crée une tension autour des sujets internationaux ». Si les échanges restent nécessaires, de nouvelles formes doivent être définies pour mieux protéger l’agriculture, estime le syndicat qui fait du commerce international le sujet de son prochain rapport d’orientation.
Maintenir le dialogue avec la société
Enfin, après un été marqué par les incendies dans l’Aude, l’épizootie de dermatose nodulaire contagieuse, les contestations contre la loi Duplomb, « on ne souhaite pas fuir les responsabilités qui sont les nôtres », indique Pierrick Horel. « De grands débats sur l’agriculture doivent être menés si tant est qu’on puisse prendre de la hauteur et du recul sur ses positions. C’est pour ça qu’on multiplie les initiatives pour maintenir le dialogue avec la société et le citoyen », explique-t-il.
La prochaine occasion de dialoguer aura lieu ce week-end à Vieux-Manoir, en Seine-Maritime, où se tiennent à partir de demain les Terres de Jim. La ministre de l’agriculture y est attendue pour le lancement d’un nouveau kit pédagogique sur les métiers de l’agriculture.