L’adoption de la motion de rejet sur la proposition de loi Duplomb le 26 mai a rapidement mis fin à la mobilisation de Jeunes agriculteurs et FNSEA devant l’Assemblée nationale, mais la méthode laisse à Pierrick Horel, président de JA, un goût amer. « On aurait préféré avoir un débat sur ce sujet », explique-t-il, en amont du congrès du syndicat qui doit se tenir du 3 au 5 juin à Auch, dans le Gers.
Car au delà de la loi, il s'agit de « retrouver des moyens de production », alors que « le changement climatique va plus vite que notre capacité à apporter des solutions aux agriculteurs », ajoute Pierrick Horel. D’où, également, le sujet de la planification agricole mis à l’honneur à l’occasion du congrès, avec la présence attendue de la ministre de l’Agriculture, mais également de la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher.
La table-ronde sera également l’occasion de se projeter au-delà de l’actualité agricole et résonnera également avec l'autre grand chantier que constitue l’élaboration de la future Pac. « On entend, et ça ne nous rassure pas du tout, le fait qu’une partie du budget serait nationalisé ou fondu avec d’autres. On considère que c’est un pas vers plus de concurrence entre les Etats membres, au moment où l’on doit renforcer notre souveraineté alimentaire au niveau européen », déplore Pierrick Horel. Le syndicat discute actuellement avec les autres jeunes agriculteurs européens du Ceja pour s’accorder sur une position.
Un désintérêt pour le mutualisme et la coopération
La séance d’amendements au rapport d’orientation constitue traditionnellement un autre temps fort du congrès. Cette année, la réflexion porte sur les rapports entretenus par les agriculteurs avec la coopération et le mutualisme. « C’est un sujet qui nous a été demandé suite aux mobilisations, et qui est souvent dénoncé par nos adhérents », explique Stéphanie Lebègue, rapportrice du texte, qui évoque des problèmes de gouvernance souvent mis en avant, ou la piètre qualité des services côté mutualisme.
Le taux de participation aux élections MSA, qui se sont tenues au début du mois, a ainsi chuté de 8 points par rapport au précédent scrutin, ce qui « nous interroge », ajoute Pierrick Horel. « Remobiliser les agriculteurs tout de suite après un premier scrutin (ndlr : aux élections chambres d’agriculture) c’est compliqué, mais cela montre aussi la méconnaissance de ce qu’est la MSA, vue comme un percepteur de cotisations et pas comme un service de proximité », ajoute-t-il. En parallèle, « la jeune génération est de plus en plus individualiste et n’a pas forcément la culture de la coopération », indique-t-il également.
Le rapport formule plusieurs propositions pour réinventer la gouvernance des coopératives, à travers de nouveaux mécanismes de contrôle et de répartition des pouvoirs, une formation plus personnalisée des administrateurs. Côté mutualisme, des mesures sont avancées pour une meilleure connaissance du système de protection sociale agricole et un renforcement des actions des délégués.
Réinventer le modèle syndical
Le besoin de refonte concerne également le syndicat, que la percée de la Coordination rurale aux dernières élections professionnelles agricoles interroge. « On est challengé par quelque chose de plus radical, on doit se reposer les questions de notre méthode de fonctionnement », explique Pierrick Horel.
L’objectif est d’interroger le réseau pour présenter des propositions au congrès 2026. « On a besoin d’attirer des jeunes agriculteurs à s’investir syndicalement, car on considère que notre corps intermédiaire est important dans le débat public et fait avancer la machine », avance le président de JA. Le défi reste en effet d’adapter ces formes de représentativité aux évolutions de la société dont le monde agricole n'est pas exempté.