« On veut regarder devant, on veut écouter ce que le président de la République a à nous dire sur sa vision de l'agriculture et sur la manière dont il entend porter l'ambition de ce secteur qui lui fait remonter des messages depuis des mois », a déclaré Arnaud Rousseau à la presse à son arrivée devant le parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, et avant un rendez-vous avec Emmanuel Macron avec d'autres syndicats.
« Ce que je souhaite, c'est que ça se fasse dans une forme de respect du cadre », a ajouté le patron de la FNSEA.
« Même si ça risque parfois d'être un peu tendu, il faut que pour autant, on puisse faire passer le message. Et pour faire passer des messages, il faut qu'il puisse y avoir un dialogue », a-t-il complété.
Un comité d'accueil d'agriculteurs a dormi devant le Salon de l'agriculture avant l'arrivée d'Emmanuel Macron, sur qui la colère se cristallise désormais après la bourde élyséenne autour de l'invitation à un grand débat des Soulèvements de la Terre, collectif écologiste honni de nombreux exploitants. Des sifflets ont été distribués aux adhérents.
« Après un épisode de 48 heures un peu houleux », la FNSEA veut « regarder devant », a repris un peu plus tard Arnaud Rousseau. Vendredi, son organisation a annoncé le boycott du débat voulu initialement par l'Elysée.
Il a souligné qu'il y avait « aussi des agriculteurs qui ont des choses à lui dire [à Emmanuel Macron] et qui en ont gros sur le cœur ». « On attend des réponses très claires, une vision très claire. Il a toutes les clés en main pour amener des réponses. A lui de jouer, à lui de redonner un vrai cap à cette agriculture », a complété son homologue du syndicat allié Jeunes agriculteurs (JA), Arnaud Gaillot.
Sur l'esplanade, Virginie Carlu, agricultrice dans la Marne, 53 ans, a passé la nuit sur place, dont une partie dans un bus. « On est là, pas pour faire des dégâts, mais pour montrer notre feuille de route. On nous a demandé d'être calme, on est calme », dit-elle au lever du jour.
Quelques dizaines de manifestants du syndicat concurrent, la Coordination rurale, sont aussi sur place. « On est là pour recevoir Macron 1er. S'il ne vient pas à nous, on ira à lui. Il faut encore intensifier nos revendications puisque rien ne change. Les actes c'est pas à l'été, c'est maintenant », dit Henry Victorien, éleveur laitier et céréales dans les Ardennes, 26 ans. « Si ce que dit Macron est assez fort, on verra. Sinon la semaine prochaine, on sera encore dans la rue. Pas forcément au salon mais le mouvement continuera. »