L'obligation de mettre des terres en jachère, sujet de crispation

Arnaud Rousseau, président du principal syndicat agricole français FNSEA, fustigeait encore mardi : « Quand on nous dit cette année ce sera 4 % de jachère obligatoire, pour nous, ce n'est pas entendable dans le contexte. » Dans la nouvelle version de la Pac entrée en vigueur en 2023, figure en effet l'obligation de laisser au moins 4 % des terres arables en jachères ou en infrastructures agroécologiques (IAE), qui comprennent les haies, les arbres, les bosquets, les fossés, les mares. Un taux qui peut être réduit à 3 % sous conditions. 

Après le déclenchement de la guerre en Ukraine, les agriculteurs ont bénéficié d'une dérogation de l'obligation de jachère afin de pouvoir produire plus pour compenser les perturbations de l'offre céréalière d'Ukraine et de Russie. Elle a expiré fin 2023. Au moins une dizaine de pays, dont la France, avait réclamé la poursuite d'une dérogation au moins partielle. En vain.

Appel à des dérogations

Le ministre roumain de l'agriculture Florin Barbu a encore appelé lors d'une réunion à Bruxelles mardi à des dérogations. « Nous devons identifier des solutions permettant aux États membres d'atteindre leurs objectifs environnementaux sans imposer une réduction de la surface agricole », a-t-il déclaré. Ces règles « ne devraient pas mettre en danger la sécurité alimentaire dans l'Union européenne et la sécurité économique des agriculteurs. »

La jachère est historiquement une méthode pour régénérer les sols, en les ouvrant à la pâture des ruminants ou en y produisant du foin par exemple. Avec l'apparition de désherbants et l'introduction d'engrais chimiques, la jachère est peu à peu abandonnée, mais elle réapparaît en 1992 dans le cadre de la Pac comme un outil de lutte contre la surproduction : les agriculteurs doivent geler une partie de leurs terres en échange d'une rémunération. Cette obligation sera levée en 2008.

Réserves de biodiversité

Mais la jachère trouve plus tard un nouvel usage : les services environnementaux (reconstitution des réserves en eau et de la fertilité des sols, refuges de biodiversité...). « Ces réserves de biodiversité sont utiles aussi aux agriculteurs parce que le jour où il n'y a plus rien, il n'y aura plus que des ravageurs », a souligné à l'AFP François Veillerette, porte-parole de l'ONG Générations Futures.

Pour Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, classée à gauche et défendant un modèle agroécologique, la suppression de l'obligation de placer une partie des terres en jachère est « une demande dénuée de sens », notamment du fait qu'« aujourd'hui, on ne manque pas de production de céréales ».

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