« C'est toujours la même histoire qui se développe autour des pertes en Amérique du Sud, dans l'idée que cela va profiter aux Américains », a résumé Bill Nelson, de Doane Advisory Services. L'Argentine est frappée depuis le début du printemps par des inondations, ce qui touche les récoltes de soja, tandis que le Brésil a subi un temps plutôt sec, cette fois défavorable au maïs, et c'est surtout sur les cours de l'oléagineux que les effets ont été sensibles cette semaine. « Cela dure depuis plusieurs semaines, mais je pense que certains investisseurs avaient sous-estimé la situation », a jugé M. Nelson.
L'offre de soja risque de se réduire d'ici la fin de l'année
« De plus en plus de consommateurs semblent découvrir ce que cela implique, en particulier à propos de l'Argentine ». Il en prenait comme signe d'excellents chiffres hebdomadaires sur les exportations américaines de soja, publiés vendredi par le gouvernement américain, qui montrent que les acheteurs étrangers ont surtout effectué des commandes pour la récolte à venir d'oléagineux. « Les consommateurs internationaux reconnaissent que l'offre risque de se réduire pendant l'année, et le marché apprécie », a commenté M. Nelson.
Il estimait par ailleurs que le bond des cours du soja pouvait aussi à terme profiter au marché du maïs, puisque les agriculteurs américains risquent d'être encouragés à planter de l'oléagineux à cause de son côté plus rentable et donc de limiter l'offre de la céréale. Du côté des États-Unis, la situation est aussi favorable au maïs et au soja, puisque « certains investisseurs parient sur une météo défavorable lors de leur saison de croissance », en train de commencer à l'issue des semis, a remarqué dans une note Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors. « Les dernières prévisions en date pour juin montrent que l'humidité sera normale dans l'Ouest, mais inférieure à la moyenne dans des régions de l'Est », a-t-il précisé.
Les intempéries en France ont soutenu le cours du blé
En revanche, le blé, dont une partie des cultures va bientôt être récoltée aux États-Unis, est moins sujet à de tels paris et ses cours ont surtout suivi le bond du soja. Les cours de la céréale ont néanmoins connu leurs propres facteurs de soutien, dont les intempéries dans le nord et le centre de la France, qui « augmentent considérablement la pression alors que les blés sont en fleur », selon les termes du cabinet Offre et Demande Agricole.
Enfin, « vendredi, le dollar a chuté à la suite des chiffres sur l'emploi américain, donc c'est un développement favorable », a noté M. Nelson. L'affaiblissement du billet vert, qui a pâti de créations d'emplois très décevantes aux États-Unis, profite aux producteurs américains dont les exportations deviennent moins coûteuses. « D'habitude, une telle baisse du dollar soutient les cours des matières premières, mais, aujourd'hui cela provoque en fait un peu de nervosité parmi les fonds spéculatifs », ce qui limite donc les effets favorables, ont néanmoins écrit les experts de la maison de courtage Allendale.
Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en juillet, le contrat le plus actif, a terminé vendredi à 4,1825 dollars contre 4,1275 dollars en fin de semaine précédente (+ 1,33 %). Le boisseau de blé pour juillet, lui aussi le plus actif, valait 4,9725 dollars, contre 4,8150 dollars auparavant (+ 3,27 %). Le boisseau de soja pour juillet, là encore le plus échangé, coûtait 11,3200 dollars contre 10,8650 dollars précédemment (+ 4,19 %).
