Faible variation des prix du blé, la politique tarifaire russe scrutée

Cette semaine, le prix du blé oscille entre 235 et 240 euros la tonne sur Euronext.
Cette semaine, le prix du blé oscille entre 235 et 240 euros la tonne sur Euronext. (©Kai Pilger de Pixabay)

Depuis une semaine, les cours du blé et du maïs ont peu varié, de la Bourse de Chicago au marché européen. La céréale du pain oscille entre 235 et 240 euros la tonne sur Euronext et le grain jaune entre 208 et 211 euros la tonne. « On sent une grosse hésitation du marché », résume Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage.

Au premier rang des facteurs potentiels de hausse des cours figure la révision à la baisse de la production mondiale de blé par le ministère américain de l'agriculture (USDA), principalement du fait de récoltes inférieures aux attentes en Australie, Canada et Argentine, pays frappés par la sécheresse.

La prévision de récolte sur l'île-continent, qui débute en décembre, a encore été revue à la baisse en septembre, l'Abares (département australien de l'agriculture) estimant à 25,4 millions de tonnes la production de blé pour 2023-24, sous la moyenne des dix dernières années.

Toutefois, « le potentiel de hausse des prix mondiaux reste limité » dans un marché dominé depuis le printemps par les abondantes exportations de blé russe : l'Europe a « très peu exporté depuis le mois de juillet » et cherche à regagner en compétitivité, ce qui ne plaide pas pour une hausse des cours, relève Arthur Portier, analyste au cabinet Agritel (Groupe Argus Media).

En outre, le fait que l'Ukraine teste l'envoi de cargos chargés de céréales depuis le port d'Odessa tempère une potentielle hausse des cours. « C'était un point d'interrogation, et jusqu'à présent, cela a l'air de marcher », constate Jack Henley, de la société d'investissement Teucrium Trading, en référence à la menace russe de couler tout navire ukrainien empruntant l'ancien corridor maritime sécurisé pour les céréales.

« Prix plancher russe »

Ces cargaisons « test » ne sont toutefois pas non plus « un facteur baissier » pour les prix car « les volumes sont pour l'instant insignifiants », souligne M. Portier.

Pour les analystes, la question numéro un aujourd'hui porte sur les prix réels du blé russe.

« Il y a de grosses interrogations autour du "prix plancher" et toujours non officiel imposé par la Russie pour son blé, à 270 dollars la tonne FOB (hors frais de transport, taxes et assurances), qui a été contourné par des opérateurs privés russes », indique l'analyste d'Agritel.

Ce prix plancher aurait été contourné notamment par un important négociant de blé russe pour remporter un contrat de 480 000 tonnes à destination de l'Egypte : « Il semble que le gouvernement russe ait tapé du poing sur la table et imposé la réallocation des volumes vendus à l'Egypte à des prix inférieurs à ceux du plancher officieux », a expliqué Damien Vercambre.

En clair, le négociant devra se procurer ailleurs qu'en Russie les 480 000 tonnes promises par contrat à l'Egypte. Cet « événement » a ravivé l'espoir des pays exportateurs européens, notamment de la France, qui affiche un prix FOB d'environ 250 dollars la tonne (avec des coûts de transport supérieurs à ceux de la Russie).

« La demande est là mais les Européens n'en profitaient pas parce que les Russes raflaient tout. Aujourd'hui, on la voit », a ajouté le courtier, évoquant de nouveaux appels d'offres de l'Egypte, de l'Algérie et de la Tunisie.

Aux Etats-Unis, le marché reste morose, avant la publication vendredi d'un nouvel état des stocks par l'USDA. « Les prix de l'énergie sont élevés et les coûts de production s'approchent des prix de ventes » des matières premières agricoles, ce qui pourrait soutenir les cours, estime Jack Henley.

Après des semaines de repli, les prix des oléagineux (colza, soja ou huile de palme), transformés en agrocarburant, étaient en léger rebond depuis mardi, dans le sillage du pétrole.

Pour Arlan Suderman, de la plateforme de courtage StoneX, la baisse des cours était en partie liée au ralentissement de la demande des raffineurs, « non pas parce que le bio-carburant a des problèmes, mais parce qu'ils avaient déjà ce dont ils avaient besoin en attendant la récolte ».

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