Le blé en particulier a gagné 0,62 % à la Bourse de Chicago entre mercredi et mardi, face aux menaces de sécheresse sur les cultures en Europe de l'Est et aux États-Unis, marqués ces derniers jours par de spectaculaires tempêtes de poussière dans les plaines du centre et du sud. Sur Euronext aussi, le blé a crû légèrement, à 225 euros la tonne mercredi. Or sur ces régions, le blé, à la sortie de l'hiver, est à une étape cruciale et a besoin d'eau.
Le soja américain s'est lui maintenu (+ 0,10 %), résistant, malgré les bonnes récoltes latino-américaines. En revanche, le maïs a cédé 0,17 %, la récolte s'annonçant meilleure qu'attendu en Amérique du Sud, et notamment en Argentine.
Pour Arlan Suderman, analyste à StoneX Financial, « le maïs ne suit pas le blé à la hausse », car les acteurs attendent de connaître les surfaces de culture à venir aux États-Unis. « Il y a beaucoup d'inquiétude quant à l'ampleur des chiffres » que le ministère américain de l'agriculture (USDA) doit publier le 31 mars sur les intentions des producteurs, dit-il.
Dans l'attente de nouvelles surtaxes
Globalement, l'incertitude entourant l'imposition de droits de douane et les rétorsions possibles pèse sur les marchés, expliquant « les hausses limitées (...) même sur le marché du blé », estime M. Suderman : « ces préoccupations douanières limitent la volonté des opérateurs spéculatifs de miser à la hausse à l'heure actuelle ».
« Quand les nouvelles sont minimes sur le front des droits de douane, le marché revient aux fondamentaux de l'offre et de la demande, aux conditions météorologiques et à la demande d'exportation », résume Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting. Mais toute évolution concernant ces surtaxes « dominera les autres facteurs », ajoute-t-il.
Donald Trump a annoncé l'entrée en vigueur le 2 avril de droits de douane supplémentaires sur les marchandises de ses partenaires commerciaux, notamment leurs produits agricoles.
« On est dans l'expectative de ce que Trump va proposer », souligne Damien Vercambre, du cabinet Inter-courtages, relevant que les acteurs de marchés s'attendent à en savoir plus « dès la semaine prochaine ».
Pour les céréales, il faudra surtout surveiller les mesures de rétorsion, explique-t-il, rappelant que lors de la précédente guerre commerciale lancée en 2018 par Donald Trump contre la Chine, « les prix américains s'étaient cassé la figure », Pékin se tournant vers d'autres fournisseurs.
L'UE, qui exporte peu de céréales aux États-Unis mais en importe, a déjà inscrit le soja et le maïs américains sur sa première liste de sanctions.
Le maïs s'est d'ailleurs un peu raffermi cette semaine en Europe, « fort des annonces que l'UE pourrait mettre en place des taxes à l'importation en maïs », remarque Gautier Le Molgat, PDG d'Argus Media France, tout en soulignant que l'impact à ce stade n'est pas massif. Cela « permet avant tout de contenir, de stabiliser, après un fort mouvement de repli », dit-il.
Aux États-Unis, premier exportateur agricole mondial, les revenus de l'agriculture reposent à 60 % sur les ventes à l'étranger pour les céréales et 50 % pour les oléagineux (essentiellement du soja).
Les investisseurs attendent notamment de voir si une visite du dirigeant chinois Xi Jinping à Washington, évoquée par Trump, se confirme. Car alors, « nous aurions de meilleures chances d'éviter une guerre commerciale avec notre principal partenaire agricole, la Chine », juge M. Zuzolo.
La Maison-Blanche a relevé à 20 % les droits de douane supplémentaires appliqués à tous les produits chinois entrant aux États-Unis.
Pékin a répliqué en instaurant depuis le 10 mars jusqu'à 15 % de nouvelles taxes sur une série de produits agricoles américains, notamment le soja, le porc et le poulet.