De la mer Noire à la Bourse de Chicago, les cours du blé et du maïs évoluent très peu ces derniers jours.
La céréale du pain a clôturé mardi à 5,43 dollars le boisseau (environ 27 kg) en légère hausse, tandis que le grain jaune s'affichait à 4,11 dollars le boisseau (environ 25 kg), en repli.
Les conditions de culture sont particulièrement « idylliques » sur la Corn Belt américaine et « s'améliorent même, ce qui est extrêmement rare à cette période, où le maïs est en pleine floraison », relève Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage.
Selon un rapport du ministère américain de l'Agriculture publié lundi, 74 % des surfaces de maïs américain sont actuellement dans un état considéré comme « bon » ou « excellent », contre 73 % il y a une semaine et 68 % l'année dernière à la même période.
A Chicago, à la veille de la fête nationale du 4-Juillet, « le marché a rebondi » car « certains avaient prévu que les conditions météorologiques deviendraient un peu plus défavorables », et un peu aussi dans l'espoir « d'un possible accord commercial avec la Chine » après plusieurs réunions en Europe, relève Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors.
Chine absente
Finalement, la météo est restée clémente et concernant les droits de douane, « le marché ne sait [toujours] pas à quoi s'attendre », résume-t-il.
Donald Trump a instauré des surtaxes douanières sur toute une série de produits.
Initialement, elles devaient commencer à être collectées le 9 juillet, après un précédent report, mais le président américain a signé lundi un décret pour les repousser au 1er août. Un report critiqué par l'ONU car il « prolonge en fait la période d'incertitude, minant les investissements à long terme et les contrats d'affaires ».
La volatilité des cours des graines, liée en avril aux annonces et contre-annonces sur les droits de douane, s'est essoufflée : les marchés « se sont désensibilisés », dans l'attente de mesures concrètes et d'éventuelles impositions « de droits de douanes réciproques », relève Arlan Suderman, de la plateforme de courtage StoneX Financial.
Si l'issue finale du bras de fer américano-chinois n'est pas encore connue, les analystes constatent que pour le moment, la Chine est quasiment absente des marchés agricoles, en dehors de quelques achats d'orge à l'Australie.
« La Chine deviendra un sujet plus important au fur et à mesure que nous avançons dans le mois de juillet » car c'est pendant cette période « qu'elle commence vraiment à augmenter ses achats de soja pour les livraisons de l'automne », estime Arlan Suderman.
Et il faudra voir à ce moment-là si Pékin « se tourne vers le Brésil plutôt que les Etats-Unis pour ses achats de soja », souligne Damien Vercambre.
« Rétention »
En attendant, ajoute-t-il, « le marché est mou, face à de bonnes perspectives mondiales de production ».
Dans un rapport publié vendredi, l'agence des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a estimé que la production mondiale de céréales devrait atteindre un niveau record cette année à 2,925 milliards de tonnes, en hausse de 2,3% par rapport à 2024.
En Europe, à cette abondance annoncée s'ajoutent plusieurs facteurs expliquant la stabilité des prix : il ne se passe pas grand chose sur le terrain parce que le retour des pluies, depuis dimanche, dans la partie nord-ouest de l'Europe et en particulier en France au nord de la Loire, a « mis sur pause la récolte » , explique Sébastien Poncelet, analyste chez Argus Media France.
« Les prix étant bas, sous les coûts de production, les agriculteurs ne vendent pas. Et les acheteurs internationaux sont aux abonnés absents », ajoute-t-il.
En mer Noire, les prix sont « au même niveau qu'il y a deux mois », relève-t-il. Alors que la récolte s'annonce meilleure que l'an dernier en Russie - entre 83 et 85 millions de tonnes selon les estimations - les premiers échos des toutes premières moissons, dans l'est de l'Ukraine et le sud de la Russie, sont « moins bons qu'attendu », ce qui incite les vendeurs à « la rétention ».