L’IFT, de quoi s’agit-il ?
L’indice de fréquence de traitement (IFT) est un indicateur de la pression de traitement phyto sur l’exploitation. Il comptabilise le nombre de doses de traitements phytosanitaires effectués par hectare et par an. C’est l’indicateur choisi pour suivre la réduction des produits phytosanitaires.
Dans le calcul de l’IFT, ne sont pris en compte que les produits phytosanitaires appliqués au champ sur cultures et intercultures : herbicides, fongicides, insecticides, régulateurs, anti-limaces, traitements de semences. Ne sont pas intégrés dans le calcul : adjuvants, traitements des récoltes, macro-organismes.
Les produits de biocontrôles peuvent également être pris en compte dans le calcul mais ils font alors l’objet d’un sous-total spécifique.
Dans le cadre de certaines MAEC (les MAEC “systèmes”), les agriculteurs s’engagent à respecter chaque année une valeur d’IFT maximale sur leur exploitation, définie sur la base d’un IFT de référence établi pour chaque micro-région.
Comment calcule-t-on l’IFT ?
L’IFT est calculé pour chaque traitement effectué jusqu’à la récolte de la culture : un traitement réalisé à la dose homologuée aboutit à un IFT de 1, un traitement à demi dose, à un IFT de 0,5. Le calcul de l’IFT à la parcelle s’obtient ensuite en additionnant les IFT de tous les traitements réalisés : 3 traitements réalisés à la dose homologuée donnent un IFT de 3 à la parcelle.
Enfin, l’IFT à l’exploitation se détermine en réalisant la moyenne pondérée des IFT de chaque parcelle.
Cet IFT à l'exploitation peut alors être décliné suivant les besoins : IFT herbicides / hors herbicides, IFT des surfaces engagées en MAEC / surfaces non engagées et également suivant le type de cultures : IFT grandes cultures / IFT légumes, etc.
Pour calculer son IFT, des outils ont été mis à disposition des agriculteurs par le ministère de l’agriculture (https://alim.agriculture.gouv.fr/ift/).
Quelles sont les exigences des MAEC ?
Dans le cadre des MAEC système (MAEC à enjeux eau, MAEC herbivore, MAEC sol), les agriculteurs s’engagent à réduire chaque année la pression phytosanitaire sur leur exploitation et à respecter une valeur maximale d’IFT, calculée à partir de l’IFT de référence de leur territoire.
Dans l’exemple d’une MAEC HBV2 (herbivore), l’exploitant va devoir réduire son IFT initial en se conformant à l’IFT de référence du territoire : son IFT ne devra pas dépasser 0,5 en année 2 et 3, puis 0,4 en année 4 et 5.
Attention, chaque MAEC a son propre cahier des charges : les objectifs des MAEC herbivores sont différents de ceux d’une MAEC phyto. De même, les IFT de référence sont très différents d’un territoire à l’autre. Il importe donc de se référer au cahier des charges de sa propre MAEC pour bien connaître les objectifs de réduction, année par année et surface par surface.
Quand calculer son IFT ?
Au cours des 5 ans de contrat de la MAEC, l’IFT doit être calculé une première fois avant l’engagement, lors de la réalisation du diagnostic agro-écologique. Ce diagnostic est établi en préalable de l’engagement dans la MAEC et comprend plusieurs analyses dont le premier calcul d’IFT. Il est réalisé soit par l’opérateur de la MAEC (collectivité, bassin versant…), soit par un prestataire agréé par l’opérateur.
Ensuite, chaque année pendant 5 ans, le calcul de l’IFT se fait en fin de saison culturale, une fois que les traitements sont achevés. Première nouveauté dans les cahiers des charges des MAEC post réforme 2023, ces calculs d’IFT doivent être transmis avant le 31 octobre de l’année à l’administration (la DDT(M)).
Seconde nouveauté : sur les 5 bilans d’IFT, 3 au moins doivent être réalisés par un technicien agréé Conseil Stratégique Phytosanitaires (CSP) qui a pour mission d’identifier les usages les plus problématiques et de préconiser des solutions alternatives.
Calculs et conseils IFT constituent une contrainte importante dans le suivi de la MAEC. Une fois engagé, il est impératif de respecter les échéances administratives et les objectifs de réduction, faute de quoi la sanction financière est lourde. Bien réfléchir, donc, avant de s’engager !
Stéphane Le Biavant, Référent Environnement du Groupe Cogedis